Rédigé par 14 h 32 min Entretiens, Rencontres

Entretien avec Jérémie Rhorer, chef d’orchestre

Entretien avec Jérémie Rhorer, Chef d’orchestre et directeur musical du Cercle de l’Harmonie

Muse Baroque : Pouvez-vous nous rappeler l’histoire et le projet du Cercle de l’Harmonie ? Jérémie Rhorer : La formation du Cercle de l’Harmonie a été le fruit d’une relation musicale privilégiée que j’entretenais avec Julien Chauvin depuis une dizaine d’années. J’avais eu l’occasion, de manière fortuite, de lui donner des cours de musique de chambre dans le cadre d’un stage où il était élève et vraiment demandeur de conseils.

Entretien avec Jérémie Rhorer, Chef d’orchestre et directeur musical du Cercle de l’Harmonie

 

© Alix Laveau


« Nous avions l’idée de ne pas soumettre la musique aux impératifs économiques, de rassembler des musiciens dont l’état d’esprit était celui de chambristes »

Muse Baroque : Pouvez-vous nous rappeler l’histoire et le projet du Cercle de l’Harmonie ?

Jérémie Rhorer : La formation du Cercle de l’Harmonie a été le fruit d’une relation musicale privilégiée que j’entretenais avec Julien Chauvin depuis une dizaine d’années. J’avais eu l’occasion, de manière fortuite, de lui donner des cours de musique de chambre dans le cadre d’un stage où il était élève et vraiment demandeur de conseils. J’avais été séduit par sa personnalité humaine et musicale, sa curiosité ; il avait, à 19 ans, des idées très claires sur ce qu’il voulait faire de sa vie de musicien. Il a poursuivi ses études, parallèlement ma carrière de chef s’est développée. Je dirigeais au festival de Deauville et je le voyais qui avançait dans l’orchestre, jusqu’à devenir co-soliste.

C’est à ce moment-là qu’il m’a proposé un projet d’orchestre qu’il imaginait avec ses collègues du conservatoire de La Haye, avec des musiciens qu’il avait rencontrés un peu partout, projet d’un orchestre français dont le répertoire serait celui du pré-classicisme et du classicisme. Ça m’a semblé d’emblée séduisant, d’autant que ça rejoignait un répertoire qui m’intéressait particulièrement, celui du début du début du XIXe siècle, à la fois dans le genre de l’opéra et dans celui de la musique symphonique. C’était un projet de répertoire cohérent et à cet égard séduisant. Les musiciens  faisaient partie d’une troisième génération baroque, c’est-à-dire qu’ils avaient à la fois une admiration pour les grands maîtres et en même temps voyait ce qu’on pouvait faire de plus, et de plus adapté au monde économique actuel. Julien avait pensé à tout ça.

Nous avions l’idée de ne pas soumettre la musique aux impératifs économiques, de rassembler des musiciens dont l’état d’esprit était celui de chambristes : on ne s’arrête pas au bout de trois heures de répétitions si l’on n’est pas satisfait ; il y avait dès l’origine une espèce d’accord tacite qui liait les musiciens dans un souci d’exigence permanente qui est extrêmement importante dans la manière dont le projet s’est développé : l’idée d’avoir un goût absolu pour la musique d’orchestre, et d’avoir toujours à cœur de consacrer le temps nécessaire à la réalisation de nos objectifs artistiques est partagée par tout le monde. Ce n’est pas seulement une volonté seulement des deux directeurs artistiques mais une véritable adhésion commune au projet qui fait que l’on peut compter sur les efforts constants des musiciens.

Nous avons donc monté cet orchestre ; on continuait à me proposer des choses seules, mais j’ai invité, par exemple Anne Blanchard du festival de Beaune, à venir nous écouter. Anne Blanchard a engagé l’orchestre pour Idoménée, que William Christie n’avait pas pu conduire. Cela nous a apporté une reconnaissance critique assez immédiate, et nous a permis de voir un certain nombre de portes s’ouvrir.

 

© Yannick Coupannec

 

M.B. : Votre répertoire s’étend approximativement de 1750 à 1850, période pendant laquelle la facture instrumentale a beaucoup évolué. Techniquement, comment ça se passe pour les musiciens ?

J.R. : Il y a plusieurs types de musiciens : certains sont spécialisés dans un type de répertoire au sein même de celui joué par Cercle de l’Harmonie. Tel musicien est alors un adepte de la période classique, par exemple, et pour le romantisme ce ne sont pas forcément les mêmes personnes. D’autres sont « polyvalents » et  dans ce cas, ils ont à cœur d’avoir l’instrument le plus adéquat pour l’œuvre et le style concerné. Enfin, pour certains projets, nous faisons appel à des musiciens plus pointus qui font partie de l’équipe globale du Cercle. En outre, la majorité des musiciens évoluent dans le choix de leur instrument.

M.B. : Quels sont à présent vos projets ?

J.R. : Nous allons donner Fidelio en version de concert au théâtre des Champs-Elysées et au Bozar (Bruxelles). Nous cherchons globalement à étendre notre réseau de production ; nous avons par exemple une tournée aux États-Unis de prévue. Notre partenariat avec le Théâtre des Champs-Élysées continue à se développer. Au disque, avec Naïve, nous avons un nouveau projet romantique en perspective, qui serait un écho du « Paris des Romantiques » que nous venons d’enregistrer, probablement autour du deuxième concerto de Liszt.

M.B. : Jérémie Rhorer, merci beaucoup pour cet entretien.

 

Propos recueillis à Ambronay par Loïc Chahine le 15 septembre 2012.

Le site officiel du Cercle de l’Harmonie 

Étiquettes : , , Dernière modification: 9 juin 2020
Fermer