Rédigé par 19 h 55 min Concerts

Motor divino (Falvetti, Diluvio Universale – Capella Mediterranea – Saint-Denis, 20/06/2014)

Encore le Déluge s’exclameront nos lecteurs qui ontdéjà pris connaissance de nos abondants commentaires depuis 3 ans sur les représentations de cette oeuvre et son excellent enregistrement paru chez Ambronay éditions. Alors, on se fait concis, sans revenir sur la Sicile de la fin du XVIIème siècle, sans revenir sur l’instrumentation riche (et encore étoffée par le chef en vue d’apporter couleurs et métissage culturel grâce aux percussions orientales),…

© Muse Baroque

© Muse Baroque

 

Michelangelo Falvetti
Il Diluvio Universale

Mariana Flores, soprano – Rad
Julián Millán, ténor – Noé
Matteo Bellotto, basse – Dio
Fabian Schofrin, contre-ténor – La Morte
Evelyn Ramirez Numoz, mezzo soprano – La Giustizia Divina
Francesca Aspromonte, soprano – L’Acqua
Caroline Weynants, soprano – La Natura Humana

Choeur de Chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Keyvan Chemirani, oudou, zarb et daf

Leonardo García Alarcón, direction

Représentation du 20 juin 2014, Basilique de Saint-Denis, dans le cadre du Festival de Saint-Denis

“Encore le Déluge” s’exclameront nos lecteurs qui ont déjà pris connaissance de nos abondants commentaires depuis 3 ans sur les représentations de cette œuvre, son excellent enregistrement paru chez Ambronay éditions ou l’entretien que nous avait accordé le chef. Alors, on se fait concis, sans revenir sur la Sicile de la fin du XVIIème siècle, sans revenir sur l’instrumentation riche (et encore étoffée par le chef en vue d’apporter couleurs et métissage culturel grâce aux percussions orientales), sans revenir sur l’écriture post-montéverdienne d’une qualité indubittable, d’une fulgurance inspirée. Et puis enfin il y a l’équilibre percutant du court livret, avec ses personnages allégoriques, sa Mort et son Dieu mais aussi l’intimité de Noé et de Rad. Partition tourbillonnante, foisonnante, dense, d’une richesse sanguine, d’une tendresse touchante, voilà ce Diluvio que Capella Mediterranea a désormais si souvent interprété. La familiarité de l’ensemble avec son oeuvre fétiche est confondante, et l’on goûte un orchestre très présent et coloré, énergique et souple, avec des cordes pincées en nombre.

Du côté de la distribution, l’ensemble est homogène quoiqu’inégal. Dès le début, Evelyn Ramirez Numoz campe de son mezzo corsé une Giustizia Divina articulée et fière, très agile (“Ministri dell’ire mie”). Si l’Acqua de Francesca Aspromont au timbre agréable souffre d’une émission trop large et d’imprécision dans les ornements, le phrasé est théâtral et les ensembles bien menés. On louera sans réserve Mariana Flores, et son chant intense et concentré (“Se in tomba natante”), auquel répond le Noé noble et déclamatoire de Julián Millán. Leur duo “Motor Divino” fusionnel et enveloopé de cornets à bouquin s’avère d’une incandescente humanité blessée.

Malgré un excellent déguisement, la Morte de Fabian Schofrin, à l’émission trop heurtée et manquant de projection, au beau medium, rend l’incarnation moins redoutable qu’ambiguë, tandis que le Dieu de Matteo Bellotto manque de présence. Enfin la Natura Humana de Caroline Weynants est excellente avec un chant d’une pureté diaphane (“Sorde stelle”).

Mais le tout n’est pas ici la somme des parties, et on louera la direction inspirée et vive de Leonardo García Alarcón, qui imprime à l’œuvre une lisibilité et une fluidité exemplaires , tour à tour doux et dansant, désespéré et puissant, grandiose et majestueux. [V.L.N.]

 

Site du Festival de Saint-Denis

Étiquettes : , , , , , , Dernière modification: 22 décembre 2021
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