Rédigé par 18 h 05 min CDs & DVDs, Critiques

Galimatias en rondeau

La Holland Baroque Society a choisi de bâtir chacun de ses projets artistiques en compagnie d’un directeur musical chaque fois différent. C’est au tour d’Alexis Kossenko, flûtiste et musicologue dont le répertoire s’étend de la Renaissance au XXéme siècle, de diriger la phalange hollandaise autour de ce programme dédié à l’un des caméléons de la musique baroque : Georg Philipp Telemann.

Georg Philipp TELEMANN (1681-1767)

“Holland Baroque Society meets Alexis Kossenko” : Ouverture et Concerti

[TG name = “Liste des morceaux”]

Ouverture en mi mineur
Concerto en ré major pour 2 traversos, violon et violoncelle
Concerto en fa majeur pour flûte à bec et basson
Concerto en si bémol majeur pour 2 traversos, hautbois et violon
Concerto en sol majeur pour 2 traversos et basson

[/TG]

Alexis Kossenko, flûte traversière
Holland Baroque Society :
Georges Barthel, flûte traversière
Jane Gower, basson
Alfredo Bernardini, hautbois
Lidewij van der Voort, violon
Judith Maria Olofsson, violoncelle 

77’13, Channel classics, 2010.

[clear]La Holland Baroque Society a choisi de bâtir chacun de ses projets artistiques en compagnie d’un directeur musical chaque fois différent. C’est au tour d’Alexis Kossenko, flûtiste et musicologue dont le répertoire s’étend de la Renaissance au XXéme siècle, de diriger la phalange hollandaise autour de ce programme dédié à l’un des caméléons de la musique baroque : Georg Philipp Telemann. Les œuvres retenues illustrent la capacité de ce prolifique compositeur à renouveler son style tout au long de sa vie.

Ainsi, l’Ouverture en mi mineur a été composée dans le plus parfait style français. L’orchestre de la Holland Baroque Society troque sa fraise et la noirceur de ses habits de drap réformés pour le soleil versaillais, se coulant avec grâce et noblesse dans le sentier post-lulliste. L’ample fresque introductive de 7 minutes, bâtie comme une complexe ouverture débute par des notes inégales majestueuses mais sans pesanteur avant de glisser avec vivacité lors de la section fuguée. Les musiciens font preuve d’une précision louable dans les attaques, d’un savoir-faire parfois un peu trop lisse et froid. On regrette la palette trop monochrome, axée sur le noyau de cordes, bien que le caractère dansant des pièces se révèle communicatif, du pas fortement marqué des Cyclopes au butinage du Galimatias en rondeau où l’orchestre joue successivement sur chacun des timbres, en passant par un Hornpipe à la franchise toute hændélienne.

Le concerto en ré majeur pour deux flûtes traversières quant à lui adopte une veine plus italianisante, vivace et tout entier consacré au duel à fleuret moucheté entre flûtes et violons. L’orchestre trouve l’Italie plus à son aise, et l’interprétation gagne en spontanéité, avec des pupitres mieux aérés (il faut dire que l’on quitte ici l’écriture dense à cinq parties de la pièce précédente). La lecture d’Alexis Kossenko écarte à dessein tout contraste trop prononcé, remise l’excitante brutalité si chère à certains ensembles transalpins, pour se concentrer sur la virtuosité mélodique et le chatoiement des timbres ornementaux. Le Vivace, particulièrement convaincant, offre un discours lumineux et équilibré, la Sicilienne qui suit pourrait se révéler plus sensuelle, l’Allegro plein de vie, bien contrasté rompt l’uniformité du climat.

Le Concerto pour flûte à bec et basson en fa majeur, de même que le Concerto pour 2 traversos et basson en sol majeur s’avèrent plein d’inventivité, et bénéficient du basson évocateur et truculent de Jane Gower. Le Largo du concerto en fa majeur, à la mélodie carrée, voit flûte à bec et basson dialoguer avec intimité et justesse, le Grave avec ses violons sombres et saillants qui créent soudain un sentiment d’urgence apparaît comme l’un des moments les plus dramatiques de cet enregistrement d’ordinaire plus serein qui débouche sur un Allegro optimiste plus commun. Du Concerto en sol majeur émerge un Presto aux accents folkloriques où la basse contrefait la musette.

Enfin, le Concerto en si bémol majeur laissera un sillage d’élégance alanguie grâce à un Largo souriant. Cependant, là-encore, on déplorera une lecture un peu trop retenue et décorative, qui ne parvient pas à insuffler une dynamique intérieure puissante à des œuvres finement ciselées, mais sans grande profondeur émotionnelle. 

Katarina Privlova

Technique : captation précise, manquant un peu de liant.

Étiquettes : , , , Dernière modification: 25 novembre 2020
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