Rédigé par 21 h 46 min CDs & DVDs, Critiques

J.S Bach ou le raffinement

C’est avant tout la sublime musique de J.S. Bach qui est mise en valeur dans ce disque, enregistré en 1991. On ressent très bien à quel point Bach se met au service de son texte en illustrant au mieux et de façon variée des mots qui sont chacun porteurs de sens. Ainsi, le dernier air de la cantate BWV 82 se caractérise par un balancement très dansant et qui sert à merveille le texte explicite…

Jean-Sébastien BACH (1685-1750)

Cantates pour basse

 

“Ich habe genug”, BWV 82, “Ich will den Kreuzstab gerne tragen” BWV 56 et “Der Friede sei mit dir” BWV 158 

Peter Kooy (basse)
Chœur et Orchestre de la Chapelle Royale
Dir. Philippe Herreweghe

52’20, Harmonia Mundi, 1991

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C’est avant tout la sublime musique de J.S. Bach qui est mise en valeur dans ce disque, enregistré en 1991. On ressent très bien à quel point Bach se met au service de son texte en illustrant au mieux et de façon variée des mots qui sont chacun porteurs de sens. Ainsi, le dernier air de la cantate BWV 82 se caractérise par un balancement très dansant et qui sert à merveille le texte explicite : ”Je me réjouis de ma mort”. Les gammes ascendantes des violons et la réapparition du hautbois sont comme une invitation au voyage, une manière d’entraîner l’auditeur vers des espaces autres que ceux du ”malheur qui [nous] lie encore à ce monde”. De même dans le superbe récitatif “Mein Wandel auf der Welt de la cantate BWV 56, les arpèges du violoncelle figurent parfaitement le bateau et le roulis de la mer qu’évoque le texte. La tension est palpable et les harmonies ”douloureuses” de la fin suivent, encore une fois, la douleur du texte. C’est donc un véritable théâtre mis en musique que Bach nous propose, portant ainsi l’art de la cantate sacrée à son apogée.

Mais ce qui nous frappe avant tout à l’écoute de ces trois cantates, c’est le sentiment qu’Herreweghe et ses musiciens sont tout entiers à la disposition de la musique, à son service. Ils sont là pour nous faire entendre, avec respect et admiration, la beauté de ces œuvres. Il semble que rien ne puisse être remis en cause, les choix semblent évidents et justifiés, le chœur impose sa force tout en sachant se faire discret, le texte est admirablement mis en valeur par la diction claire et dramatique de Peter Kooy, par la sensibilité et la variété des inflexions de sa voix. L’orchestre réussi à se montrer convaincant en allant au bout de ses idées, en variant les attaques, les nuances et les phrasés, en faisant corps pour soutenir toujours la voix soliste. L’accompagnement de Jan Willem Jansen à l’orgue ajoute toujours aux récitatifs, notamment dans “Mein Gott de la cantate BWV 82, une largeur et un espace qui leurs donnent des couleurs de Passions.

Jusqu’au choral final et à l’Alleluia qui le clôt, c’est donc une interprétation simple mais non dépourvue de caractère que nous proposent Peter Kooy et Philippe Herreweghe. Un sentiment de confort et de stabilité règne tout au long de l’enregistrement. Quoi de plus convainquant finalement qu’une œuvre servie par des musiciens humbles et attentifs à retrouver l’essence même de la musique ?

Charlotte Menant

Technique : excellente prise de son, très homogène

Étiquettes : , , , , , , , , Dernière modification: 9 novembre 2020
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