Rédigé par 10 h 58 min CDs & DVDs, Critiques

Le miel de l’Abbaye…

Voici un disque qui s’achète et s’écoute les yeux fermés. En dépit de ses 20 printemps, l’enregistrement a conservé l’élégance lumineuse et l’équilibre de ses vertes années. Tout ici est harmonie et musicalité. Trevor Pinnock comme Simon Preston ont parfois été accusé de placidité, d’application, de flegme britannique excessif.

Georg-Frederic HAENDEL (1785-1759)

Dixit Dominus HWV 232
Nisi Dominus HWV 238
Salve Regina HWV 241

 

Arleen Auger, Lynne Dawson (Soprano), Diana Montague (contralto), Leigh Dixon, John Mark Ainsley (ténors), Simon Birchall (basse)

Chœur et orchestre de l’Abbaye de Westminster
Direction Simon Preston

56’22, Archiv, enr. 1987. 

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Voici un disque qui s’achète et s’écoute les yeux fermés. En dépit de ses 20 printemps, l’enregistrement a conservé l’élégance lumineuse et l’équilibre de ses vertes années. Tout ici est harmonie et musicalité. Trevor Pinnock comme Simon Preston ont parfois été accusé de placidité, d’application, de flegme britannique excessif. Délations infondées et calomnieuses, affirmations abracadabrantesques, messieurs les jurés : ma première pièce à conviction sera le “Dixit Dominus”. Les “vagues” de l’orchestre, avec des cordes très saillantes, poussent la mélodie l’épée dans les reins, impriment un rythme irrésistible de bond en avant. Puis vient le chœur d’enfant qui surprend immédiatement par la pureté et l’assurance des intonations, tirant la palette sonore vers les aigus, baignant l’œuvre dans un climat d’une innocence brillance. Le contrepoint est limpide, les voix des solistes pures mais différenciées. Avec Arleen Auger et Lynne Dawson, on tient la Rolls des sopranos, en dépit d’un vibrato vite pardonné de la part de la première. On sent que Simon Preston aime à attaquer avec vigueur chaque début de phrase, à éviter les temps morts (sans oublier les respirations). Le chef n’est pas dans la contemplation mais dans le discours, et on l’imagine agiter les bras pour que le chœur continue de marteler les versets. L’ensemble est ample, vif. Toutefois, certains le trouveront presque trop volontaire et musclé. Car le Chœur et Orchestre de Westminster ne fait pas dans le non-dit et la suggestion, nourrissant l’auditeur à la petite cuillère. Un peu plus de poésie aurait été le bienvenu…

Alexandre Barrère

Technique : enregistrement très ample.

Étiquettes : , , , , Dernière modification: 9 novembre 2020
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