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Requiem… et tralala

Composé quelque part entre 1697 et 1704 (les musicologues ont encore du pain sur la planche !), le Requiem de Jean Gilles, maître de musique de la Cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, demeure son œuvre la plus célèbre, très à la mode tout au long du XVIIIème siècle, notamment lors des concerts parisiens du Concert Spirituel des Tuileries.

Jean GILLES (1668-1705)

Requiem et motet “Beatus quem Elegisti”

 

Véronique Gens (dessus), Jean-Paul Fouchécourt (haute-contre), Hervé Lamy (taille), Peter Harvey, Jean-Louis Paya (basses-tailles)

Chœur et orchestre du Concert spirituel, direction Hervé Niquet
Accord, enr. 1989. 

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Composé quelque part entre 1697 et 1704 (les musicologues ont encore du pain sur la planche !), le Requiem de Jean Gilles, maître de musique de la Cathédrale Saint-Etienne de Toulouse, demeure son œuvre la plus célèbre, très à la mode tout au long du XVIIIème siècle, notamment lors des concerts parisiens du Concert Spirituel des Tuileries. Le grand motet louis quatorzien, perdait peu à peu sa fonction liturgique mais restait fort prisé en concert.

Et l’on comprend pourquoi à l’écoute de la fraîche lecture d’Hervé Niquet. Alors que Philippe Herreweghe (Harmonia Mundi insistait un peu lourdement sur le drame religieux, le chef nous livre une vision plein de gaieté et d’allant, pratiquement toujours à contresens des paroles. Jamais la mort n’aura eu un aussi joli sourire. Comme l’écrit avec à-propos Michel Prada dans les notes de programme “cet enregistrement (…) laisse transparaître l’expression de la confiance sereine et joyeuse du musicien”. Son sens du marketing aussi ajouterons nous, car l’œuvre est très “au goût du jour”, avec la répétition de motifs faciles, de nombreux traits italianisants, de très vastes parties solistes.

L’interprétation du Concert Spirituel met donc l’accent sur cette brillance instrumentale et orchestrale, insiste sur la variété des timbres et des climats. La direction légère de Niquet manque parfois de précision dans les attaques, et de profondeur dans l’ensemble (Graduel notamment), mais il s’en dégage une radieuse spontanéité, et un engagement qui ne laisse jamais de temps mort. Cette grâce furtive se fait parfois au détriment de la poésie et du drame sacré, comme dans la simphonie introductive, très saccadée, ou encore un Kyrie proche de l’air galant.

Enfin, le chef bénéficie d’une brochette de solistes de rêve, tout droits sortis de l’annuaire des “grands chanteurs de musique française du Grand Siècle”. Ca se mange sans faim, mais la comparaison avec un bon apéritif est tout de même un peu superficielle voire choquante pour un Requiem

Katarina Privlova

Technique : Bon enregistrement. Aucune remarque particulière.

Étiquettes : , , , , , Dernière modification: 9 novembre 2020
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