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A mort l’Autrichienne ! (Zahia au tapis – Les Gobelins au Siècle des Lumières)

Il est parfois utile de sortir de notre réserve compassée, et d’asséner ça et là un coup de masse d’arme. D’abord ça défoule. Ensuite, c’est un geste salutaire. Pourtant avait-on besoin de cette Autrichienne de pacotille pour en appeler à toutes les mères de France ?

« Et si tout n’était qu’illusion et que rien n’existait ? Dans ce cas, j’aurais vraiment payé mon tapis beaucoup trop cher. »

(Woody Allen)

 

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© Mobilier national

 

Il est parfois utile de sortir de notre réserve compassée, et d’asséner ça et là un coup de masse d’arme. D’abord ça défoule. Ensuite, c’est un geste salutaire. C’est par notre confrère de l’excellente Tribune de l’Art que nous avons découvert l’horreur de l’affiche initiale de l’exposition – au demeurant fort intéressante – des “Gobelins au Siècle des Lumières”, prolongée jusqu’au 18 janvier 2015. Alors, oui, l’on sait à quel point le tapis peut-être utile pour envelopper une Cléopâtre dénudée façon Mankiewicz, ou dissimuler un Claude tremblant poursuivi par des Prétoriens. Mais à l’image des jaquettes de disques, on observe un phénomène de vulgarisation crasse, où la peoplelisation (pardonnez le barbarisme) sert d’appât.

Pourtant avait-on besoin de cette Autrichienne de pacotille pour en appeler à toutes les mères de France ? Avait-on vraiment besoin, pour mettre en avant les 25 tapisseries, 25 cartons originaux ou maquettes, 25 dessins ou gravures sélectionnées avec soin par Jean Vittet, de cette esbroufe malvenue ? Alors certains hausseront les épaules et se diront que si Zahia peut de sa plastique faire venir les jeunes au tapis, alors pourquoi pas. Pour notre part, Antoine Coypel se suffit à lui-même, et cet avilissement emporte avec lui le parfum de déconfiture d’un art qui n’a plus confiance en son attraction et sa beauté. Et c’est bien dommage. Nous proposons d’ailleurs que le concept fasse des émules et que, pour la prochaine exposition du Louvre la citation suivante soit choisie, pour désigner des poteries mésopotamiennes “J’étais le cadeau d’anniversaire d’Erishum premier” en cunéiforme, avec la photo ci-dessous de notre belle ; cela pourra aussi orner une intégrale des Cantates de Bach dans un geste œcuménique remarquable de modernité et de provocation, qui ravira les autorités de Leipzig.

 

© Paris Match

© Paris Match

M.B.

 

Site officiel : http://www.mobiliernational.culture.gouv.fr/fr/expositions/actualites/39/les-gobelins-au-siecle-des-lumieres

Dernière modification: 23 octobre 2014
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