Ce glossaire présente succinctement les
principales danses baroques françaises, à partir du règne de Louis XIV.
On doit toutefois garder à l'esprit
que :
- leur origine géographique est souvent sujette à caution (car rien ne
ressemble plus à une danse populaire qu'une autre),
-
qu'elles peuvent avoir évolué dans le temps et l'espace,
- que les pas de danse destinées à faire évoluer des courtisans
lors des "soirées d'Appartement" de Versailles diffèrent de ceux pratiqués à
l'Opéra.
Enfin, certains airs de danses ne sont pas forcément fonctionnels et
deviennent alors de vagues réminiscences (cf. Le duo sur un rythme de Chaconne
de Roland de Lully, les Suites pour Orchestre de Bach ou encore
les Ordres de clavecin de Couperin, etc.).
Pour en savoir plus, on se tournera vers
les ouvrages d'époque, notamment ceux de Sébastien de Brossard ou de Johann
Joachim Quantz.

La Bourrée : danse populaire, sans doute originaire d'Auvergne ou
du pays basque. Dans sa forme de société, elle est binaire ou ternaire,
avec une anacrouse. Joyeuse et rapide, elle se danse en couple.
Air de
musique, à deux temps, qui a deux parties égales, chacune de huit
mesures. On nomme aussi bourrée une danse composée sur le même air. Le
pas de bourrée est composé de deux mouvements ; un demi-coupé avec un
pas marché sur la pointe du pied, et un demi-jeté, qui fait le second
mouvement. La bourrée est une danse rustique originaire d'Auvergne, qui
consiste en ce que les danseurs et les danseuses, placés sur deux
lignes, s'avancent et se reculent, après quoi chaque danseur fait
tourner la danseuse qu'il a en face. (Littré)
La Chaconne : Ruggiero, Ciacona, Monica, Passamezzo désignent des
variations ornementales sur une basse obstinée. Peu à peu, au XVIIème
siècle, ces termes disparaissent au profit de ceux de Chaconne et de
Passacaille à qui Lully donnera leurs lettres de noblesse dans ses
grandes symphonies finales de tragédies lyriques (Chaconne d'Amadis,
Passacaille d'Armide...). Danses à trois temps, la différence
entre Chaconne et Passacaille est ténue et controversée. En général, on
admet que la Chaconne est écrite dans une tonalité majeure et avec un
tempo vif, alors que la Passacaille est en mineur et d'une gravité
pompeuse. Elles sont souvent traitées comme des compositions
indépendantes, dont le système clos se suffit à lui-même et prouvent le
savoir-faire du compositeur en concluant les recueils ou les œuvres.
Espece de
sarabande par couplets avec le mesme refrain. (Académie, 1694)
Air de
symphonie, dont la basse est d'un certain nombre de notes qui se
répétent toujours, & sur lesquelles on fait différens couplets.
(Académie, 1762)
Ancien air de
danse d'une longue durée, espèce de symphonie dansante et d'un mouvement
modéré, qu'on écrivait ordinairement à trois temps, quelquefois à
quatre, et qui était à la partie chorégraphique ce qu'est de nos jours à
la partie lyrique le finale d'un acte. (Académie, 1832-35)
La
Courante : danse française de la Renaissance, elle devient l'ouverture des
bals sous Louis XIV dans sa version française majestueuse, à trois temps. Elle
se danse sur des pas glissés en diagonales, par couple. Elle est peu à peu
remplacée par le menuet au cours du XVIIIème siècle.
Espèce de danse grave.
(Académie, 1762)
La Gavotte : danse populaire, sans doute originaire de la région
de Gap ou du Lyonnais. Dérive du Bransle double de la Renaissance. Lully
l'introduit dans ses ballets et opéras. A deux temps, un peu enlevée,
elle se danse en ligne ou en cercle.
Air de danse
qui se bat à deux temps, qui commence en levant, dont les mesures ont un
repos de quatre en quatre, qui est composé de deux reprises, & dont le
mouvement est quelquefois vif & gai, quelquefois
tendre &
lent. Ce Musicien a fait une belle gavotte. Jouer une gavotte.
(Académie, 1762)
La Gigue : danse anglaise introduite en France par le luthiste
Jacques Gaulthier de retour d'exil.
Danse ancienne
d'un mouvement vif et gai, sur un air à deux temps. (Littré)
La Loure :
danse d'origine normande ou poitevine. Ternaire et
d'un mouvement lent et grave, elle commence par une anacrouse et son
premier temps est lourdement marqué, rappelant son origine paysanne. Se
danse comme une Sarabande (cf. Sarabande).
Sorte de danse
grave qui se bat à deux temps, & d'un mouvement marqué. (Académie, 1762)
VOLT.,
Dial. 21 : Si l'Archevêque de Paris s'avisait à la
grand'messe de danser une loure ou une chaconne (Littré)
La Musette : La danse par excellence des bergers et bergères dans
les tragédies lyriques, souvent accompagnée par une musette. Forme
rustique de la gavotte; un peu plus lente, à deux ou trois temps.
Sorte
d'instrument de Musique champêtre, auquel on donne le vent avec un
soufflet qui se hausse et se baisse par le mouvement du bras. Il
se dit aussi d'Un air fait pour la musette. (Académie, 1798)
Le Menuet : Originaire des bransles du Poitou ou de l'Anjou, le
menuet est la danse favorite du Roi-Soleil et supplanta la
courante sous son règne. Danse ternaire, gaie, légère et rapide, elle
est formée d'un seul pas avec variantes et figures obligées.
Air à danser
dont le mouvement est fort viste. (Académie, 1694)
Air à danser,
dont la mesure se bat à trois temps, dans lequel il y a un repos de
quatre en quatre mesures, & qui est composé de deux reprises. (Académie,
1762)
La Passacaille : cf. Chaconne.
Terme de
Musique emprunté de l'Espagnol. On appelle ainsi une espèce de chaconne
d'un mouvement plus lent que la chaconne ordinaire. (Académie, 1762)
Le Passepied :
originaire de Bretagne au XVIème siècle, le
passe-pied était une danse binaire modérée. Sous Louis XIV son rythme
s'accélère, et il devient ternaire, plus rapide que le menuet. Les
danseurs le dansent en parallèle avec des pas glissés où les pieds
s'entrecroisaient, d'où son nom.
Espece de danse
qui est ordinaire en Bretagne, & dont le mouvement est fort viste.
(Académie, 1694)
Le Rigaudon (ou Rigodon) :
Originaire du Languedoc, du Sud des
Alpes ou de la Provence, apparaît au XVIIème siècle pour s'éteindre au
milieu du XVIIIème. Rapide et gaie, à deux temps, avec parfois une
anacrouse, le rigodon se danse en couple. A l'opéra, est dansé par les
bergers ou matelots.L'anecdote de Rousseau (cf. infra) est sans
fondement.
Rigodon. s.m.
C'est ainsi qu'on troûve ce mot écrit dans les Dictionaires. S'il en
faut croire J. J. Rousseau, cette ortographe n'est pas conforme à
l'étymologie. Il avait oui dire à un Maître à danser, que le nom de
cette danse venait de l'inventeur, qui s'apelait Rigaud. Il
faudrait donc écrire Rigaudon. = Sorte d'air; et danse qu'on
danse sur cet air là. Acad. (Féraud, Dictionnaire critique de la
langue française, 1787-88)
La Sarabande : originaire d'Amérique puis importée en Andalousie
au XVIème siècle, la Sarabande est d'abord une danse lascive et emportée
interdite par Philippe II en 1583. Elle se diffuse en France sous Louis
XIII (cf. anecdote douteuse de Richelieu amoureux dansant devant Anne
d'Autriche). Sous Louis XIV, la sarabande devient une danse ternaire,
lente et gracieuse qui disparaîtra vers 1750.
Air grave de
musique à trois temps, et divisé en deux parties, dont la première est
de quatre ou huit mesures, et la seconde de huit ou de douze. On trouve
des sarabandes dans plusieurs opéras français du XVIIe et du XVIIIe
siècle. (Littré)
Le Tambourin : Originaire de Provence, la danse est intimement
liée à l'instrument (comme pour la Musette). En vogue au XVIIIèmle
siècle (cf. Les Indes Galantes de Rameau). Plus rapide que la
Bourrée et le Rigodon, il se dansait pareillement.
TAMBOURIN. s.m.
Sorte de tambour moins large & plus long que le tambour ordinaire, sur
lequel on bat d'une seule main, & qu'on accompagne ordinairement avec la
petite flûte pour danser. Jouer du tambourin. On le dit aussi
d'Un air qui se joue sur le tambourin. Il y a dans cet Opéra un joli
tambourin. (Académie, 1762)