Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

6 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Chronique Concert

"Autour d'Annibale Pio Fabri, Francesco Borosini & John Beard"

 

Ian Bostridge, Europa Galante

 dir. Fabio Biondi

Ian Bostridge © Simon Fowler

Autour d'Annibale Pio Fabri (1697-1760), Francesco Borosini (1688-1750), John Beard (1717-1791)

 

Georg Philip Telemann

Ouverture à quatre en fa majeur

 

Antonio Caldara

"Lo so, lo so, con periglio" (extrait de Joaz)

 

Antonio Vivaldi

"La tiranna e avversa sorte" (extrait d'Arsilda, RV 700)

Sinfonia extraite d'Ercole sul Termodonte, RV 710

 

William Boyce

"Softly rise, O southern breeze" (extrait de Solomon)

 

Arcangelo Corelli

Concerto Grosso op.6 n° 4 en ré majeur

 

Alessandro Scarlatti

"Se no qual vento" (extrait de Marco Attilo Regolo)

 

Georg Friedrich Haendel

"From celestial seats descending" (extrait de Hercules)

Suite instrumentale extraite de Rodrigo

"Scorta siate a passi miei" (extrait de Giulio Cesare)

 

Ian Bostridge, ténor

Orchestre Europa Galante

Direction : Fabio Biondi

 

20 octobre 2010, Théâtre des Champs Elysées, Paris

horizontal rule

Con periglio

La saison 2010-2011 du Théâtre des Champs-Elysées est particulièrement riche en pièces baroques, choix auquel votre Muse ne pourra qu'applaudir ! Le récital du 20 octobre avait pour ambition respectable de faire revivre les airs chantés par trois fameux ténors du XVIIIème siècle, qui se sont illustrés notamment dans les œuvres de Haendel. Las, disons-le d'emblée, Ian Bostridge est apparu en méforme ce soir là dans un concert inégal - avec toutefois de beaux passages instrumentaux et des airs anglais convaincants - qui fut bien applaudi et apprécié du public. Il faut ajouter, que le ténor était accompagné par l’orchestre Europa Galante au sommet de sa forme, sous la baguette toujours aussi dynamique et inspirée de Fabio Biondi.

Bien étoffée en nombre, la formation de Biondi montra son savoir-faire dès l'Ouverture à quatre en fa majeur de Telemann : relief des contrastes, onctuosité des cordes, les danses s'enchainèrent avec richesse et allégresse. Le contraste en fut d'autant plus grand avec les débuts de Bostridge dans son premier air (Caldara) : un timbre hiératique, presque forcé, qui contrastait avec une expressivité physique presque exagérée, et se montrait bien à la peine dans les passages d'ornements, assénés avec une absence totale de fluidité. Heureusement, la voix sembla gagner davantage en aisance vers le final, ce qui donna lieu pour le second air (Vivaldi) à des ornements certes un peu appuyés, mais plus convaincants, soutenus par les superbes accents des violons.

Retour à un moment de pur bonheur pour la Sinfonia extraite d'Ercole sul Termondo de Vivaldi : un orchestre Europa Galante homogène et équilibré, délivrant à foison ses riches sonorités. Cette fois, Bostridge prolongea le moment de grâce avec l'air de Boyce "Softly rise, O southern breeze" : un timbre manifestement plus à l'aise dans son anglais natal que dans la diction italienne, de véritables ornements filés qui reçurent de justes et nourris applaudissements.

Après l'entr'acte, reprise sur le Concerto Grosso n° 4 en ré majeur de Corelli, avec un Biondi au violon virtuose, en particulier dans le mouvement lent, égrené note à note dans un silence admiratif. Bostridge revint sur un air de Scarlatti ("Se no qual vento"), avec un timbre cette fois plus clair mais qui manqua à plusieurs reprises de justesse. Il sembla retrouver une certaine aisance dans l'extrait du Hercules de Haendel ("From celestial seats descending"), avec une bonne projection, malgré des accents un peu trop appuyés. Europa Galante embraya ensuite sur une magnifique Suite instrumentale extraite de Rodrigo, aux couleurs enchanteresses.

Sa prestation aurait pu s'achever sur l'air d'Hercules, mais Bostridge choisit hélas de conclure son récital avec le "Scorta siete a passi miei" de Giulio Cesare, qui souligna ses insuffisances dans ce répertoire : timbre forcé, graves approximatifs, ornements trop hachés, le tout heureusement noyé dans les couleurs chatoyantes de l'orchestre.

Faisant appel à ses connaissances musicologiques, Fabio Biondi introduisit avec à-propos et dans un français à peine teinté d'accent les deux bis appelés par les applaudissements nourris de la salle. Tout d'abord une transcription pour ténor du "Scherza infida" d'Ariodante (hélas bien loin de la magnifique mélodie chantée par Anne Sofie von Otter dans l'intégrale de Minkowski !), puis un très court air extrait du Don Quichotte de Conti (dont Bostridge s'acquitta cette fois plus honorablement).

A la réflexion, on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi Ian Bostridge avait choisi ce soir-là de s'aventurer dans un répertoire italien virtuose qu'il a si mal maîtrisé, alors que ses deux airs de baroque anglais étaient nettement plus convaincants... Et remercions le Théâtre des Champs-Elysées qui nous a permis d'entendre en salle une formation Europa Galante aussi brillante et convaincante que dans ses (nombreux) enregistrements au disque.

Bruno Maury

Site officiel du Théâtre des Champs Elysées : www.theatrechampselysees.fr

Le site officiel d'Europa Galante : www.europagalante.com

"Il ne suffit pas de faire de grands boums et de choquer le public" : entretien avec Fabio Biondi, violoniste et directeur musical d'Europa Galante, à l'occasion du Festival d'Ambronay

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014