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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival "La Viole celtique" Jordi Savall, Andrew Lawrence-King
D.R. La Viole Celtique
Jordi Savall - Viole et Lyra-viol Andrew Lawrence-King – harpe irlandaise et psalterium
Les embruns de l'Hibernie soufflent sur la Petite Bretagne.
“Let Whig and Tory all agree to spend the night in mirth and glee
14 juin 2010, Musée des Beaux-Arts de Nantes
Le Jardin des délices
A 20h30, dans la salle des Gentileschi et des Rubens du Musée des Beaux-Arts de Nantes, l'éclairage zénithal ne promettait pas la nuit espérée, ni les toiles irisées des couleurs baroques de France et d'Italie dévoilaient la teneur du programme qui allait se produire devant elles. Le vent des landes et des falaises, de la roche noire des Highlands ou des écueils couverts de trèfle et de graminées allait rendre la voix mélancolique et festive aux cordes de la viole et de l'harpe réunies. Sous les lueurs du soir atlantique les instruments gisaient au pieds mêmes de Jésus et du Lépreux et du drapé de la robe dorée de la Madeleine repentante. Le premier à apparaître fut Andrew Lawrence-King, discret et souriant, il appliqua adroitement des ongles postiches sur ses doigts experts, puis parut un hiératique Jordi Savall. La soirée s'agrémenta de pièces souvent transmises dans les familles d'Irlande et d'Écosse et que Jordi Savall a récupéré après une longue recherche dans les Îles Britanniques. La plus grande partie de ce concert fut constituée de pièces de Turlough O'Carolan (1670- 1738) très célèbre harpiste de son temps et qui laissa une quantité pléthorique de pièces dont beaucoup ont été éditées de son vivant. Toutes ces musiques traditionnelles ont souvent été, à tort, assimilées au folklore. Allant de la danse au lamento, du rire picaresque aux larmes pudiques, de la raillerie à l'adieu à la vie, l'univers mélodique et sentimental des pièces que Jordi Savall et Andrew Lawrence-King ont égrené avec passion, couvre tout le spectre des états d'âme. Jordi Savall, dans le commentaire du disque (Alia Vox, 2009), reproduit pour le concert en livret imprimé, parle de la profonde humanité de la musique celtique traditionnelle et de sa grande importance pour saisir l'image du peuple qui les à produites. Parmi des instants saisissants de ce concert, nous pouvons avouer avoir été portés dans le tourbillon de la danse traditionnelle Écossaise The Reel of Tullochgorum, introduite par Andrew Lawrence-King par les paroles qui l'accompagnent, dont nous avons cité un extrait. Pour Tullochgorum, le harpiste britannique avec son psalterium et ses deux mains a rendu la joie effrénée d'un orchestre celte. Le prodige continua juste après quand Jordi Savall, avec son dessus de viole nous a joué le Macpherson's lament, du violiste James Macpherson (ca1675 – 1700). Avant de nous émouvoir jusqu'aux larmes par cette magnifique pièce, Jordi Savall raconte que le compositeur condamné à la pendaison improvisa cette dernière mélodie avant de monter à l'échafaud et de briser son instrument. Puis avec sa très belle lyra-viol, Jordi Savall nous a brisé le cœur avec son "Lament for the Death of his second wife de Niel Gow", un instant de recueillement et de silence dans le public. Et ce ne fut qu'après trois rappels et trois “encores” que les deux interprètes sortirent de scène, emportant avec eux la harpe irlandaise d'Andrew Lawrence-King, mais laissant dans nos coeurs et nos sens, les voix de la lyre d'Hibernie, des lointaines cornemuses dans les landes fleuries et le bruit du ressac sur les îles déchirées. En sortant, la nuit laissait couler ses soies bleutées sur le ciel nantais, à l'Ouest brillait Vesper couronnant un léger croissant de lune, aussi fin que les hampes d'une harpe nacrée.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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