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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Campra, Requiem - Charpentier, Te Deum,
Maîtrise et Orchestre de Notre-Dame de Paris, dir. Lionel Sow
Lionel Sow - © Jean-Baptiste Millot pour Qobuz.com André Campra (1660 – 1744) Requiem
Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704) Te Deum
Robert Getchell – taille Sébastien Obrecht – taille Alain Buet – basse Maîtrise et Orchestre de Notre-Dame de Paris Direction Lionel Sow
Mardi 11 juin 2013, Cathédrale Notre-Dame de Paris
Le jeune sage et le
vieux fou Notre
Dame de Paris, brillant de sa façade nue
au crépuscule domine depuis près de mille ans le ciel parisien de ses tours
gargouillées. Les célébrations du 850ème anniversaire de la
construction de la cathédrale battent son plein au milieu de touristes
ensorcelés par le vaisseau de pierre où dort l’Histoire. Lorsque
le Requiem de Campra et le Te Deum de Charpentier ont été annoncés
pour les célébrations de Notre Dame, un souffle de retrouvailles est apparu. En
effet c’est l’Aixois, André Campra qui fut un des prestigieux maîtres de
chapelle de la Maison-Dieu parisienne. En même temps qu’il faisait jouer des
motets et des psaumes, il triomphait à l’opéra avec les livrets de Danchet et
Houdar de la Motte. Longtemps
Campra a
hésité à dévoiler sa double
identité, vu la condamnation du Chapitre Cathédrale
qui aurait refusé qu’un
« théâtreux » s’occupe des
offices sacrés. Par
contre, le parisien Marc-Antoine Charpentier, qui toute sa vie aura la
deuxième
place, nous a laissé des chefs d’œuvre d’un
rare raffinement. Le prélude de son
Te Deum de 1693 est entré dans la culture populaire en
étant adopté par la ORTF
comme « jingle » de ses programmes et par
l’Eurovision. Faire
entendre la musique de Charpentier dans la nef de Notre Dame de Paris
est
quasiment un manifeste, tout comme le sera une reprise de Lully ou de
Charpentier à l’Opéra de Paris. Nous
connaissons bien la Maîtrise de Notre
Dame et la qualité de ses interprétations, le talent de ses choristes et
son orchestre dans ses diverses formations. Que ce soit sous la direction de
chefs divers ou même de certains compositeurs, cette communauté musicale est la
digne héritière des chantres de Pérotin et Machault. Pour ce concert nous
écoutons pour la première fois le jeune Lionel
Sow. Nous avons été conquis par la maîtrise de sa battue et l’intelligence
prononcée dans l’ornementation française dont se pare l’orchestre. Il révèle
une implication et une force dans ces partitions qui demeurent originales,
malgré les interprétations pléthoriques dont regorge la discographie
« baroqueuse ». M. Sow a une belle conception de la voix et met en
avant solistes et chœurs avec un dosage de nuances impressionnant. Côté
orchestre, les instrumentistes de la Maîtrise sont pour certains issus des
formations baroques et nous offrent des moments de plaisir absolu. Nous avons eu une belle impression des
trompettistes Serge Tizac, Jean-Luc Machicot et Jean-Baptiste Lapierre ; le timbaliste David Joignaux ; le
théorbiste Charles-Edouard Fantin et
le premier violon d’Hélène Houzel.
Cependant, nous sommes restés un peu sur notre faim avec le basson de Niels Coppalle. Côté
chœur, les choses sont un peu plus complexes. Dans l’ensemble, c’est équilibré,
précis et même assez intelligible dans la prosodie. Cependant, on trouve bien
étrange que certains membres demeurent un peu stoïques face aux indications du
chef. Ainsi, dans des passages de force du Te Deum de Charpentier, on ne
retrouve pas la brillance et la force que la tonalité en ré majeur doit lui
conférer, et l’on peine à saisir la portée spirituelle du « In te Domine
speravi », sorte de conclusion d’espoir, qui tombe comme un soufflé à
l’écoute du peu de réponse du chœur. On a eu l’impression que les voix de la
Maîtrise de Notre-Dame ne répondaient qu’aux passages finalement les moins
spirituels. Un regret profond, puisque le chœur comporte des solistes de grande
qualité. Entre
les solistes invités, de véritables spécialistes du genre nous ont apporté leur
savoir faire et leur émotion. Alain Buet
confirme la puissance de son ornementation et sa maîtrise du style et de la
prosodie. Sébastien Olbrecht, belle
découverte, déploie une force et une délicatesse de même niveau. Cependant, et
nous le regrettons, Robert Getchell est
demeuré un peu en retrait ce soir-là, avec des aigus un peu tendus et une
ornementation assez pauvre. En
solii de la Maîtrise, les dessus Eugénie
de Padirac et Isabelle Savigny
ont révélé des voix splendides malgré quelques petits accrocs de vocalise,
tandis la basse de Jean-Christophe
Lanièce porte des couleurs intéressantes. Enfin,
la très jeune Solène Laurent, encore
dans son cilice bleu des jeunes chantres, nous révèle un instant d’exception
dans le Te Deum de Charpentier. Peu de voix, même après des années de
carrière, possèdent une telle pureté, une telle compréhension profonde de
l’émotion. Son « Te ergo quaesumus » est, sans exagération, l’un des
rares instants de magie qui peuvent surgir des plus belles interprétations,
sublimé par la nef de Notre Dame qui frémit sous ses vocalises. Quand
les lourdes portes de la Cathédrale se sont ouvertes sous un ciel apaisé de
roses et de bleuets, juste un instant l’été respira une brise apaisée. Comme
une nouvelle alliance intangible du divin et du terrestre.
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