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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert "La Lanterne Magique de M. Couperin" Bertrand Cuiller, Louise Moaty
© Jérôme Colombe
"La Lanterne magique de M. Couperin"
Michel Corrette : Les Étoiles François Couperin : Les Bergeries. naïvement - Le Turbulent, très viste - L'Arlequine, grotesquement - L'Amphibie. Mouvement de Passacaille, noblement
François Couperin : Les Plaisirs de Saint Germain en Laye - Les Baricades Mistérieuses. vivement - L'Enchanteresse
François Couperin : Les ombres errantes, languissamment - La Ménetou, gracieusement. sans lenteur Menuet et son Double - Sixième Prélude de L'Art de Toucher le Clavecin - Les Pavots, nonchalamment - Les tours de passe-passe - La Bandoline, légérement. sans vitesse - Les vieux Seigneurs, sarabande grave, noblement - Le Dodo, ou l'amour au Berceau, sur le mouvement des Berceuses
Mise en scène, scénographie, réalisation des plaques : Louise Moaty Clavecin : Bertrand Cuiller Fabrication du décor et des mécanismes : Patrick Naillet
Production Théâtre de
Cornouaille. Scène Nationale de Quimper - Centre de Création
Musicale 23 Décembre 2010, Opéra Comique, Paris.
"Il est si beau, l'enfant, avec son beau sourire" (Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne) Lanterne magique et magie de la lanterne. Si le bel objet de laiton et de bois, à double objectif, que Louise Moaty manie avec dextérité ne date pas du XVIIème siècle et représente déjà un modèle perfectionné, c'est bien au Grand Siècle que l'ancêtre du cinématographe, la "lanterne magique" naît. On en trouve la trace à La Haye, en 1659 dans le laboratoire d’Huygens mais sa paternité reste obscure, puisqu’elle est décrite par le Père Athanase Kircher dès 1646 et qu’on ne sait qui de l’astronome Christiaan Huygens ou du mathématicien et physicien danois Thomas Walgenstein connus pour ses spectacles itinérants. Cette "Laterna magica" permet, à l’aide d’un jeu de lentilles convergentes, de projeter des images – peintes sur verre - sur un écran. Mieux encore, Huygens a créé une Danse de Mort d’après Holbein où le squelette s’anime diaboliquement grâce à la superposition de verres mobiles ce qui lui vaudra le nom de "lanterne de peur".
© Jérôme Colombe La lanterne utilisée dans le cadre du spectacle est une lanterne à double objectif du XIXème, permettant le fondu enchaîné entre deux plaques de verre pour deux images, utilisée avec une lumière électrique pour des raisons de puissance. Les ingénieux mécanismes, mis au point par Patrick Naillet, permettent d'animer les tableaux, si bien que les spectateurs, bercés par une pénombre évocatrice, se laissent volontiers emporter dans une rêverie couperinienne d'une poésie simple et d'une fraicheur spontanée. Le spectacle étant destiné également aux enfants (ou prétexte à ce que les adultes les accompagnent), on ne trouvera guère sous le pinceau tour à tour naïf et coloré (certaines perspectives ou proportions presque maladroites notamment au début - cf. illustration ci-dessus) ou nettement plus abouti (superbes scènes en grisailles pour le dodo, motifs géométriques des bis) de Louise Moaty des cortèges d'images licencieuses, diaboliques, ou politiquement corrosives. Au contraire, la succession impressionnante et foisonnante de tableaux est autant de contes, d'anecdotes, d'illustrations. "L'Amphibie" voit ainsi un navire faire naufrage, ses rescapés emportés dans un tourbillon marin avant d'être secourus par une jolie sirène, alors que "Les Plaisirs de Saint-Germain" permettent de contempler les ombres d'un couple se promenant galamment devant la perspective de la Grande Terrasse du Château Neuf.
© Jérôme Colombe Au clavecin, Bertrand Cuiller accompagne le défilé d'images avec son habituel talent, n'hésitant pas, à la manière d'un musicien de film muet, à caler ses rythmes sur les visuels projetés. Si la Passacaille manque un brin de noblesse et les Ombres errantes de perdition, le Turbulent bouillonne et le Dodo déborde de tendresse. On retiendra surtout le tour de force virtuose de la brillante Marche des Scythes de Pancrace Royer avec ses excitantes fusées et son intrépidité fière que le claveciniste aborde avec une fougue sidérante, de même qu'un 6ème Prélude de l'Art de toucher le clavecin posé et introspectif. Et à l'issue de cette immersion dans un kaléidoscope chamarré où l'on retrouve son âme d'enfant, même les spectateurs habitués aux effets spéciaux intergalactiques les plus réalistes, avouent s'être abandonnés avec délice aux charmes nostalgiques d'une lanterne qui porte toujours aussi bien son nom.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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