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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert "Espace et polychoralité" Les Elements, dir. Joël Suhibiette
Joël Suhubiette © François Passerini Concert "ESPACE ET POLYCHORALITE" Dans le cadre du cycle "Timbres, espaces et résonance"
Giovanni Pierluigi de Palestrina (1525 - 1594) : Stabat Mater à deux chœurs à quatre voix Tomas Luis de Victoria (1548 - 1611) : Magnificat Sexti Toni à trois chœurs à quatre voix Josquin Desprez (1450 - 1611) : Qui Habitat à six chœurs à quatre voix Alexandros Markeas (1965) : Medea Cinderella à quatre chœurs à six voix Caroline Marçot (1974) : Nun à cinq chœurs à cinq voix Felix Mendelssohn (1809 - 1947) : Ehre sei Gut in der Höhe, à deux chœurs à quatre voix Franck Martin (1890 - 1974) : Messe pour double choeur a cappella à deux chœurs à quatre voix
Chœur Les Eléments : Sopranos : Cécile Dibon Lafarge, Isabelle Fallot, Cyprile Meier, Eliette Parmentier, Françoise Roudier, Julia Wischniewski Altos : Frédéric Betous, Joëlle Gay, Caroline Marçot, Cécile Pilorger, Marc Pontus, Sophie Toussaint Ténors : Edouard Hazebrouck, Charles Barbier, Marc Manodritta, Hervé Suhubiette, Pierre Vié, Guillaume Zabé Basses : Didier Chevallier, Cyrille Gautreau, Antonio Guirao, Pierre Jeannot, Christophe Sam, Pierre Virly
Direction : Joël Suhubiette
24 mai 2012, Grande Nef du Collège des Bernardins, Paris
Des voix mises en espace… Nous avions déjà dit tout le bien que nous pensions des performances du chœur de chambre Les Eléments qui fête cette année son 15è anniversaire, sous la direction de Joël Suhubiette, dans un audacieux programme Méditerranée présenté l'an dernier à Perpignan. Aussi nous étions quelque peu impatients de les réentendre dans un nouveau programme, comme le public qui se pressait ce soir-là à l'entrée, dans la chaleur un peu moite de cette fin d'après-midi de printemps parisien. Les magnifique voûtes aux arêtes vives du collège récemment restauré des Bernardins semblaient un écrin de choix pour cet exercice de haut vol, qui mêle habituellement les compositions de différentes époques, dressant un impressionnant panorama du chant non accompagné à travers les âges. Il s'étendait cette fois de Palestrina à Markéas et Marçot, avec - excusez du peu - la présence de ces deux compositeurs dans la salle, ce qui ne lassera pas d’étonner les baroqueux que nous sommes habitués à nous recueillir sur des cénotaphes poussiéreux... Le concert débuta par un Stabat Mater éclatant, aux voix bien balancées, qui enchaînèrent à la perfection leurs différentes parties. La tenue de la ligne de chant était impressionnante, et animée d'une verve communicative ôtant tout sentiment d'ennui qui pourrait naître de cette partition dépouillée. Pour le Magnificat de Victoria, les chœurs se répartirent en trois points de la salle, de façon à créer une dynamique particulière sous ces voûtes à la réverbération parfois ingrate. Après de belles attaques des basses, les différents chœurs se répondirent avec leurs caractéristiques vocales bien distinctes, soulevant l'enthousiasme des spectateurs.
© François Passerini (détail) Le plus impressionnant était à venir, avec l'incroyable Qui habitat de Josquin Desprez : six chœurs à quatre voix, répartis eux aussi en différents points de la salle ! Las, après un début tout à fait prometteur, les voix commencèrent à flotter et tournoyer de manière désordonnée sous les voûtes... Joël Suhubiette, en chef avisé, choisit aussitôt d'arrêter le chœur, pour présenter dignement ses excuses, et proposer de reprendre l'exécution depuis le début. Reprise cette fois impeccable, dans un véritable miracle d'équilibre vocal, pour atteindre une sorte d'hallucination sonore qui fut saluée de longs applaudissements. La composition contemporaine Medea Cinderella était évidemment d'une toute autre trempe vocale. Le texte grec délivrait une étrange musique des mots, débutant sur les cris déchirants des basses. Puis Julia Wischniewski lança de ses éclats cuivrés de tonitruants appels hypnotiques, avant que ne se déploie la voix plus ronde de Cécile Pilorger, colonne de granit inébranlable dans cet univers musical un peu chahuté pour nos oreilles baroques... C'est avec modestie qu'Alexandros Markéas, convié par Joël Suhubiette, vint partager les applaudissements mérités du public. Après un "Ehre sei Gott", qui permit d'admirer l'aisance des Eléments dans la diction de la langue de Goethe, Caroline Marçot en personne se joignit aux choristes pour chanter son Nun, éblouissant mélange vocal d'onomatopées, ponctué des attaques fracassantes de Julia Wischniewski, et des accents plus moëlleux du ténor Charles Barbier. De facture plus classique, la Messe pour double chœur de Franck Martin vint achever le concert. Le Kyrie fut amorcé de manière ouatée par les deux altos masculins Frédéric Betous et Marc Pontus, puis relayé par l'ensemble du choeur. Le son s'enfla jusqu'au Gloria. Les ensembles, bien rodés, étaient magnifiques. Les longs applaudissements appelèrent un bis : le "Quoniam" de la Messe de Martin. Saluons encore une fois la beauté sonore du Chœur des Éléments, et l'éclectisme musical de son programme, qui fait revivre les meilleures pages du baroque à côté des plus étonnantes créations contemporaines.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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