"Heureux qui comme Ulysse..."

De la douceur de l’Anjou aux méandres du Maine houleux, au pied du château vertigineux sur la roche nostalgique des écailles turquoise de Parthénope. Angers nous a habitués à la poésie, à la douceur de ses verts, des rives du Maine et ses apocalyptiques tapisseries. Le rêve estival s’installa le long des rues bourgeoises, sur des façades qui s’éteignaient au fur et à mesure que la place du Grand Théâtre d’Angers se dégageait de la ville. La soirée allait célébrer les moralités légendaires de l’eternel Ovide, les voyages virgiliens et bien d’autres mythes qui portaient en eux le rêve extraordinaire de la ré́génération.

Dans la salle pavoisée de dorures et lambris, surplombée du regard ineffable des muses et leurs jeux, le public attendait de voir sur un fond féérique les mythes évoluer dans leurs danses invisibles comme des passes murailles du temps.

Il ne fallait pas s’attendre à un récit académique de ces mythes et ces histoires, mais découvrir avec le récitant la profonde simplicité́ de leur trame, la poésie insufflée par un Didier Kowarsky envoûtant de théâtre et de présence qui a affirmé ses dons de conteur, d’artisan de mystère et d’épopées.

Passionnés de musique baroque, les mythes d’Orphée & d’Eurydice, de Céphale & Procris ou de Didon nous sont plus que familiers, tant de compositeurs ont réalisé́ puisé dans ce merveilleux corpus dans leurs adaptations. Mais l’écoute des pièces de Bach ou Frescobaldi environné des trois fées d’Amarillis, qui ponctuaient les récits dans une sorte de transition contemplative et ludique, octroyait une couleur chatoyante à ce livre d’images, couvert d’enluminures et de miniatures. Nous avons particulièrement apprécié l’agilité́ et l’inventivité de chaque membre d’Amarillis dans l’ornementation des différentes pièces. De même, les changements à vue de lumières et les décors composites ont conféré un éclat fantastique, sensationnel et inspiré à ce spectacle tout public.

Si un jour comme Ulysse voguant dans l’onde calme, l’esquif de l’auditeur peut accoster dans un port de beauté́ et de rêve, que ce 2 juin prochain le curieux prenne le chemin de Château-­Thierry et qu’il s’imagine simplement que soulevant les voiles du mythe se trouve toujours plus d’humanité́ et de magie.

Reprise du spectacle samedi 2 juin 2012 lors de la 21e édition du Festival Jean de la Fontaine de Château Thierry (02) : www.festival-jeandelafontaine.com

Site officiel de l'ensemble Amarillis : www.amarillis.fr