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6 janvier 2014

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Chronique Concert

 

Gabrieli, Sacrae Symphoniae,

canzoni & Intonationi d’organo  

Etudiants du département de musique ancienne du CRR de Paris

 

Jean Tubéry

 

 

Jean Tubéry © Philippe Matsas, 2007

 

Giovanni Gabrieli (1555-1612)

 

Sacrae Symphoniae, canzoni et Intonationi d’organo

  

Etudiants du département de musique ancienne du CRR de Paris

 

Michiko Takahashi – soprano

Saskia Salembier – Mezzo-soprano et violon

Lucas Bacro – Baryton

Mada Drouvin – violon

Josef Zak – violon

Myriam Bulloz – alto

Nicolas Serrano – cornet à bouquin et cornetto muto

Gustavo Gargiulo – cornet à bouquin et cornetto muto

Krysztof Lewandowski – cornets à bouquin, cornetto muto et basson.

Naomi Inoue – viole de gambe

Martina Weber – viole de gambe

Clémence Prioux – violoncelle

Damien Lecerf – Violone

Claire McIntyre – saqueboute

Simon Waddell – Théorbe

Benoît Babel – orgue, clavecin, épinette

Kana Futagami – orgue, clavecin, épinette

 

Direction Jean Tubéry

 

18 janvier 2012, Salle Debussy  - Joigny (89)

Ouverture de la semaine du son

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 « Accourez aimable jeunesse, l’amour veut régner avec vous »

Antoine-César Gautier de Montdorge – Les Festes d’Hébé ou Les Talens lyriques – 1739

Parfois le destin tisse dans sa tapisserie bariolée des bien curieux canevas. Le chroniqueur mexicain se trouvait dans la petite ville de Joigny,  perchée sur le bord de l’Yonne tout près des contreforts du Morvan,  pour rencontrer Jean Tubéry. Et c’est alors que le temps le rendit témoin de ce concert qui célébra le trépas du maître vénitien Gabrieli. La brume glacée Icaunaise balisa les ruelles médiévales de Joigny en portant avec elle le murmure oriental des vents de Saint-Marc et l’Yonne serpentant au semblant endormi apportait les vertes augures des lagunes adriatiques.

Composée des talentueux et joyeux étudiants des classes de musique ancienne du CRR de Paris, sis dans l’antique Conservatoire de la rue de Madrid, un petit ensemble se tint dans la moderne salle Debussy. Composé par un « concert brisé » entre scène et haut de la salle, la musique de Gabrieli dans cette configuration semblait faire appel sans aucune équivoque aux harmonies célestes et à la voix de l’Univers que de son vivant l’insigne Giordano Bruno évoqua brillamment dans ses sublimes écrits.

Nous ne cesserons jamais de le répéter, c’est bien souvent dans les cœurs jeunes que la flamme des grands se ravive. Et ce soir à Joigny ce fut le cas. Sous la houlette avertie, précise et inspirée de Jean Tubéry, les instrumentistes ont conféré des couleurs raffinées, énergiques et splendides à la musique sacrée de Gabrieli. L’on a constaté en général, pendant les répétitions et le concert, que les musiciens prenaient plaisir à jouer ensemble, à communiquer, à transmettre par leur voix musicale la puissance de ce répertoire trop souvent interprété avec hiératisme et platitude.  Ces étudiants et leur maître nous ont rendu gracieux, angélique, aérien et exubérant ce Giovanni Gabrieli avec toute la force de sa modernité.

Jean  Tubéry dont l’éloge n’est plus à faire, en grand démiurge de cette soirée, replace Gabrieli dans son univers entre deux écoles et préfigurant le magnifique nuovo stilo., dirigeant avec l’élégance qu’on lui connaît.

Tout d’abord les voix. Le trio vocal qui nous ravit de la profondeur de compréhension, de passion et d’équilibre tout à fait dans le répertoire et le style. Le soprano léger et angélique de Michiko Takahashi s’éleva avec délicatesse par dessus les brumes de l’hiver pour atteindre les clartés des cieux.  Avec une maîtrise hors pair tant de la vocalité baroque, mais aussi de l’ornementation et d’un timbre ravissant la mezzo-soprano Saskia Salembier, nous émut et nous transporta par son engagement, sa présence et ses invocations aussi fragiles et colorées que les iridescents jeux aquatiques qui accompagnaient jadis les mélismes de Gabrieli à Venise.  Ajoutons à cela que Saskia Salembier nous ravit tout autant par son jeu très inspiré au violon.  Seule voix masculine de cette distribution, le baryton velouté de Lucas Bacro nous réserva à la fois la puissance des antiennes et des appels divins et la douceur des prières. Nous avons beaucoup apprécié ses ornements ciselés et équilibrés.

Les Instrumentistes dans une cohérence et une justesse qui assez souvent fait défaut aux ensembles professionnels sont investis et inspirés. Nous remarquons notamment les cornets à bouquin de Gustavo Gargiulo, Nicolas Serrano et Krysztof Lewandowski à la présence aérienne et puissante, tout comme la sacqueboute jubilatoire de Claire McIntyre.  Nous saluons les cordes averties et raffinées de Saskia Salembier, Josef Zak, Mada Drouvin et Myriam Bulloz, tant au violon qu’à l’alto ces quatre étudiants ont atteint en plein cœur les harmonies célestes de l’invocation divine.

Pour les basses, la belle consonance des deux violes de Naomi Inoue et de Martina Weber ont peaufiné les accords et les harmonies de tout ce programme. Au violoncelle Clémence Prioux et au violone Damien Lecerf ont évoqué par leur sens musical les plus graves voix de Gabrieli avec finesse et inspiration.

Au théorbe, Simon Waddell égrena les notes perlées de sa partie avec émotion. Aux claviers Benoît Babel et Kana Futagami ont serti l’ensemble dans une parure finement ouvragée par leurs doigtés délicats, sensibles et précis.

En définitive, nous avons pris un plaisir incroyable à rencontrer et écouter ces très talentueux instrumentistes qui nous ont transporté par leur investissement et la passion sans équivoque pour la musique ancienne. Ils ont réussi à célébrer Gabrieli à travers leur vitalité, finalement Jean Tubéry les dirigeait bien à propos, ils ont vaincu la mort pour redonner à Gabrieli une nouvelle vie.                                                                    

Pedro-Octavio Diaz

 

 

 

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