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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Hommage à Marin Marais" à l’occasion de l’enregistrement intégral Pièces de violes Jean-Louis Charbonnier, Jean-Pierre Marielle
Jean-Louis Charbonnier (de dos) & Jean-Pierre Marielle © Nemo Perier Stefanovitch
"Hommage à Marin Marais" Premier livre Prélude (viole seule) ; Allemande et son double (viole seule) ; Sarabande (2 violes) ; Gigue (2 violes) ; Gavotte (3 violes) ; Chaconne (3 violes et clavecin)
Deuxième livre Couplets sur le thème des Folies d'Espagne (2 violes, théorbe et clavecin) ; Les Voix humaine (Version clavecin seul)
Prélude Allemande ; Sarabande la Désolée ; Gigue la Badine ; Menuets ; Rondeau champêtre (flûte, violon,2 violes, théorbe et clavecin)
Troisième livre Grand Ballet (2 violes, théorbe et clavecin) ; Le Moulinet (2 violes, théorbe et clavecin)
Quatrième livre Prélude (viole et théorbe) ; La Biscayenne (2 violes, théorbe et clavecin) ; LaTourneuse (2 violes, théorbe, clavecin et percussions) ; L'Amériquaine (2 violes, théorbe, clavecin et percussions) ; La Tartarine (2 violes, théorbe, clavecin et percussions) ; Caprice (3 violes, théorbe, clavecin)
Cinquième livre La Mariée (2 violes, théorbe, clavecin) ; Le Jeu du Volant (2 violes et clavecin) ; La Tableau de l'Opération de la Taille (récitant, 2 violes, théorbe et clavecin) avec la participation des interprètes de l’intégrale :
Jean-Louis Charbonnier, Paul
Rousseau, Basses de viole avec Jean-Pierre Marielle, Récitant 5 décembre 2010, Salle Gaveau, Paris
"La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler. En ce sens, elle n'est pas tout à fait humaine." (Pascal Quignard, Tous les Matins du Monde) Depuis la sortie de Tous les matins du monde, 19 ans se sont écoulés et, malgré les disparitions, l’été dernier, d’Alain Corneau et de Pierre Jaquier, les liens tissés sur le tournage sont encore bien vivants : à l’occasion de la sortie du 23ème et dernier disque de l’intégrale des pièces de viole de Marin Marais, Jean-Pierre Marielle est venu prêter sa voix à une présentation du monument musical, fruit de près de deux décennies de travail et de recherche de Jean-Louis Charbonnier et de son ensemble. Le programme, extrait des cinq Livres qui forment l’intégrale, couvre un demi-siècle de compositions, de l’apogée du règne de Louis XIV à la Régence ; on traverse ainsi les époques, des pièces sérieuses et académiques du premier Livre (1686) à l’humour grotesque du Tableau de l’Opération, récit comique, musicalement commenté, du point de vue de l’opéré (livre V, 1730), de la virtuosité et du vertige des fameuses Folies d'Espagne à des pièces injustement méconnues du répertoire des deuxième, troisième et quatrième Livres. Les dédicaces de chaque livre, lues par Jean-Pierre Marielle de sa voix vibrante, montrent un Marin Marais modeste, soucieux des goûts de son public mais aussi pédagogue, variant les difficultés et explorant les possibilités de son instrument fétiche. Une, deux, trois violes, avec ou sans clavecin, accompagnées ou non par le viril théorbe, la flûte gaie, le violon et les percussions populaires : les formations sont aussi variées que les compositions elles-mêmes, qui alternent rythmes envolés et graves, expression intime et fête à la campagne.
© Nemo Perier Stefanovitch La basse de viole de Jean-Louis Charbonnier, sensible et fluide, se glisse avec sourire et regret pour le point d'orgue d'une grande aventure éditoriale, majestueuse dans la Chaconne du Premier Livre, presque trop brève, virtuose à souhait dans des Folies où plane la silhouette de Guillaume Depardieu, incroyablement touchante dans la suspension poétique de la Sarabande La Désolée, d'une théâtralité de bon ton dans le Grand Ballet. Mais c'est la cohésion complice de l'ensemble qui ravit, et conserve au concert une ambiance intime et souriante grâce notamment au théorbe tour à tour dynamique ou suggestif de Mauricio Buraglia, les percussions fières et sporadiques de Magali Humbert (superbe Tartarine), la belle viole élégiaque de Claire Giardelli. Aussi l’agencement du programme, au premier regard un peu trop chronologique, se révèle-t-il assez subtil pour présenter dans un esprit équitable une œuvre foisonnante, diverse, où les enjeux musicaux ne cessent de varier. Le concert est enrichi par un souci de la mise en scène assez rare : l’irruption du théorbe, l’utilisation de l’espace par les formations qui se succèdent, les costumes distinguant les musiciens permanents de ceux qui prêtent un concours plus momentané, la voix tour à tour captivante et comique de Jean-Pierre Marielle, figure de Marin Marais sur la scène, tout cela concourt à donner au concert une tonalité humaine, accueillante et émouvante. Doit-on regretter que, après tout ce temps passé à l’exercice d’une restitution méticuleuse, l’ensemble Marin Marais paraisse parfois un peu trop maître de son sujet ? La fraîcheur du violon, l’humilité de la flûte ou la naïveté des percussions apportent au projet un souffle extérieur, qui, de temps à autre, fait sonner les violes, le clavecin et le théorbe comme un peu trop sûrs de leur fidélité à l’âme baroque. Mais que cette remarque en passant, par acquit de conscience, ne masque pas l’immense plaisir que nous ont fait, ce soir-là, musiciens et comédiens.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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