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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Festival "Le Jardin en Musique" Jeffrey Thompson La Simphonie du Marais, dir. Hugo Reyne
D.R. Le Jardin en Musique Claudio Monteverdi : "Vi ricorda o bosch’ ombrosi" (Orfeo) Jacques Champion de Chambonnières : "O beau jardin" Henry Purcell : "Thus the ever grateful spring", "Here’s the summer sprightly gay", "See my many coloured fields" (The Fairy Queen) Michel Richard de Lalande : "Que l’hiver à jamais soit banni de ces lieux", "Arbres, jardins, reprenez la verdure", Air pour Flore (Les Fontaines de Versailles) Jean-Baptiste Lully : "Plus j’observe ces lieux, et plus je les admire" (Armide) André Campra : "La farfalla intorno ai fiori" (Les Fêtes vénitiennes) Georg Friedrich Haendel : "Hark ’tis the linnet and the thrush" (Joshua) Antonio Vivaldi : Concerto "Il Gardellino", op. 10 n° 3, Allegro Jean-Philippe Rameau : Gavotte en rondeau, "L’éclat des roses" et orage (Les Indes galantes, "Les Fleurs, fête persane") Jean-Jacques Rousseau : "Le Rosier" (Les Consolations des misères de ma vie) François André Philidor : "Un jardinier est un grand homme" (Le Jardinier supposé) Egidio Romualdo Duni : "Je vends des bouquets" (La Fée Urgèle)
Jeffrey Thompson, ténor La Simphonie du Marais Hugo Reyne, flûte, hautbois et direction
2 juin 2010, Théâtre Graslin, soirée d'ouverture du Printemps des Arts 2010, Nantes
Le Jardin des délices
Il est difficile cependant de réunir en une même soirée tant d’airs, souvent courts. Hugo Reyne, comme à son habitude, présentait rapidement les pièces qui allaient être jouées, avec de nombreuses plaisanteries, ce qui créait une atmosphère conviviale, mais peut-être parfois peu propice à l’écoute. En effet, dans la première partie du programme, les airs étaient nombreux et courts, et il s’avérait difficile pour certains spectateurs de se laisser porter par la musique. La deuxième partie présentait des airs plus développés, et souffrait moins de ce défaut. La Simphonie du Marais jouait ce soir à un par pupitre : deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, clavecin, et Hugo Reyne lui-même aux flûtes à bec et hautbois. Le jeu de ce dernier est toujours nuancé, inspiré, et techniquement irréprochable. On regrettera cependant quelques problèmes de justesse avec l’orchestre, notamment le hautbois qui, manifestement, n’était pas exactement à la même hauteur à certains moments que les cordes… La basse continue est solide ; elle sait se faire plus discrète quand il le faut, mais ne manque ni d’enthousiasme ni d’énergie. Il en va de même des violons et altos, tous égaux : les différentes parties étaient bien audibles, mais il n’était pas toujours possible de distinguer qui jouait quoi. À la fois ensemble, donc, et clarté. Les virtuosités instrumentales, que ce soit dans le concerto de Vivaldi pour la flûte, ou dans les airs "Hark ’tis the linnet and the thrush" (violon et flûte) ou "La farfalla intorno ai fiori" (hautbois et violon), sont exécutées avec brio et aplomb. De semblables qualités se retrouvent chez Jeffrey Thompson, dont la voix, bien qu’étendue, est relativement égale, et bien timbrée. Les coloratures, que ce soit chez Campra, Händel ou Purcell, sont maîtrisées, impeccables. Malgré quelques attaques savonneuses, le style est souvent époustouflant : les trois airs de Purcell et celui de Haendel coulent avec une évidence rare, ceux de Lalande et Rameau sont tout aussi délicats. Le talent de Jeffrey Thompson pour le comique s’épanouit avec bonheur dans les airs de Philidor et Duni, mais la gestuelle est parfois un peu excessive dans d’autres airs ("Vi ricorda o bosch’ ombrosi", par exemple). Notons cependant que le texte est parfaitement intelligible. Enfin, certains pianissimi, par exemple dans le sommeil de Renaud, sont de purs moments d’apesanteur temporelle. Il faut saluer l’effort réalisé par les artistes pour aller à la découverte d’un répertoire inédit. À entendre ces trois extraits des Fontaines de Versailles, l’on rêve d’entendre un jour l’œuvre dans son entier, qui recèle de belles pages. Campra, compositeur rarement joué, comme l’a souligné Hugo Reyne, nous réserve encore bien des surprises. Mais la plus grande de la soirée aura été Philidor, qui semble nous réserver de perpétuels délices. Le public a fait un triomphe à l’air du Jardinier supposé, avec sa partie centrale lente entourée d’une partie (répétée : da capo) vive et alerte plus comique, mais finement et spirituellement composée. Il faut d’urgence redécouvrir ce compositeur : Philidor et Grétry sont peut-être, pour le domaine dramatique, les Mozart et Haydn français — nous laissons au lecteur le soin de décider lequel sera Mozart et lequel Haydn. Au total, une belle soirée, agréable même si parfois difficile à apprécier, et une ouverture de ce 27e Printemps des Arts… printanière !
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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