Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

6 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Chronique Festival

Mozart, Vêpres solennelles pour un confesseur
Ghislieri Choir & Consort
Dir. Giulio Prandi

 

 Le Ghislieri Consort © Elsa Papa (recadrée)

 

Wolfgang Amadeus Mozart

 

Vêpres solennelles pour un confesseur

 

Emanuella Galli – Soprano

Lucia Napoli – Alto

Leonardo Cortellazzi – ténor

Christian Senn – Basse

 

Ghislieri Choir & Consort

Dir. Giulio Prandi

 

Dimanche 30 septembre 2012, Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise, dans le cadre du Festival Baroque de Pontoise

horizontal rule

Les fausses confessions

 

Depuis un mois le dézonage de la carte Navigo permet à tout un chacun d’aller de long en large de la Région Ile de France et profiter du sésame qui fait chanter les bornes magiques de la R.A.T.P.  Quel plaisir inouï que celui de voir s’éclairer en vert émeraude la rainure numérique et de pouvoir pousser le tourniquet dans des destinations aussi éloignées que Mantes-la-Jolie, Pontoise,  Poissy,  Saint-Quentin-en-Yvelines ou Viarmes (aux marches de Royaumont) ! Que de contrées souvent inexplorées et merveilleuses : voir se dresser sur la Seine la magnifique silhouette de la Collégiale de Mantes ou bien passer en vue de la verte Conflans Sainte-Honorine et arriver à Pontoise et ses rues en pente qui mènent vers les murailles et la grandiose Cathédrale Saint-Maclou est un plaisir aussi doux que ce dernier jour de septembre aux couleurs mordorées. Ce 30 septembre, dimanche de surcroît, les quais des gares joyeuses du Val d’Oise étaient muets. La solitude veillait langoureusement au va-et-vient du Transilien assoupi. Comme le bras mort de cette Seine qui glougloutait doucement ses psaumes dans ses roseaux profonds et ses ondes vermeilles. Le crissement de la roue métallique faisait gémir les dormants et l’essieu. Tout en haut des marches, le long de la nef on commence à entendre les syllabes qui caracolent sur l’accent de l’Italie. Et nos pas entrèrent dans la nef grise de la Cathédrale Saint-Maclou. Et quel fut notre étonnement quand des vitraux se détachait en mille couleurs le soleil indiscret qui faisait irruption au sein de ce palais renaissant à la gloire de la piété et de la foi.

 

Nous venions entendre des Vêpres, ces cantiques journaliers qui résonnent dans les cloîtres et les cellules des couvents et monastères pour accompagner le déclin solaire. Il était 17h en automne, l’heure était parfaite et les murs de pierre grise se mirent à fleurir des pétales de lumière des vitraux tandis que Giulio Prandi débuta son ascension vers l’extase. Définir en un jet d’encre, une quelconque mémoire, un émoi ou un geste est quasiment impensable. Décrire l’extase personnelle d’autrui par des observations, des impressions ou ne serais-ce que des hypothèses est impossible.

 

 

 © Festival baroque de Pontoise

 

Depuis la première mesure le maestro Giulio Prandi fut un tourbillon d’enthousiasme, d’extravagance gestuelle et d’énergie. Pour cette musique, il est vrai que l’énergie est un vecteur puissant de couleur et de lumière, cependant, en faire trop fatigue vite l’auditeur et ne permet pas de saisir les nuances de chaque mouvement et d’apprécier l’interprétation, d’être guidé. Son extase est absolue mais reste malheureusement individuelle.

 

Le Ghislieri Choir composé de belles voix a fait voir un potentiel formidable de puissance, de couleur et sans doute de virtuosité. Mais, pour cette musique qui a besoin de cohérence, de suivi dans la ligne et de clarté, le chœur s’est malheureusement avéré décevant, dénotant des problèmes de décalage, notamment dans les graves. Un chœur constitue certes un ensemble d’individualités, mais nous avons cru entendre une chorale de solistes, une sorte de conglomérat de voix, où l’une ou l’autre sortent du lot. Cela est d'autant plus regrettable car certains passages et surtout le Dixit Dominus furent d’une poésie incroyables.

 

Côté solistes, le chroniqueur ne pourra être ni sévère, ni clément. Notre placement sur le côté de la nef, tout près du chœur, nous empêcha d’entendre la basse qui semblait quelque peu superficielle de Christian Senn, et le mezzo sans beaucoup de couleur de Lucia Napoli. En revanche, nous fûmes étonnés de la prestation d’Emmanuella Galli, en méforme. La soprano, d’habitude au chant délicat et au phrasé toujours coloré, a livré un Mozart d’une raideur incompréhensible, au médium sec. Le ténor Leonardo Cortellazzi se révèle un peu plus encourageant avec un joli timbre un peu sous employé.

 

Côté orchestre, nous avons été davantage convaincus par le Ghislieri Consort, énergique et cohérent. Les symphonies d’Eglise de Mozart prennent toute leur puissance et nous saluons cette interprétation inspirée qui mérite un enregistrement intégral, afin de mieux faire connaître des œuvres qui demeurent, malgré leurs qualités, encore trop oubliées dans l’empyrée mozartien.

 

Il est sans doute pour le critique aisé de fustiger l’instant "T" du concert, et nous reconnaissons le remarquable travail accompli par les artistes, leur courage de prendre en vol des œuvres difficiles pour nous les offrir avec humilité. Aussi nous encourageons Giulio Prandi à canaliser sa vivacité et à apporter plus de cohérence aux parties chorales afin que ces Vêpres, dont il nous a offert une bien belle interprétation en dépit de nos réserves, soient davantage eucharistiques.

 

Pedro-Octavio Diaz

Site officiel du Festival : www.festivalbaroque-pontoise.fr

Site officiel du Ghislieri Consort : www.ghislierimusica.org

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014