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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert Mozart - Haydn, Thomas Quasthoff, Camerata Salzburg, dir. Gregory Ahss
Thomas Quasthoff © Kass Kara
Wolfgang Amadeus MOZART
Les Petits Riens, Musique de ballet K. 299b
Airs de concerts pour basse : "Così dunque tradisci" K. 432 "Per questa bella mano" K. 612 — Anthony Manzo, contrebasse solo "Mentre ti lascio, o figlia" K. 513 "Rivolgete a lui lo sguardo" K. 584
Joseph Haydn Symphonie n° 85
Thomas Quasthoff, baryton-basse
Camerata Salzburg Gregory Ahss, premier violon
Mardi 26 octobre, salle Pleyel, Paris
De petits riens qui en disent beaucoup Nous revoici à la Salle Pleyel pour un concert mozartien, retrouvant avec plaisir la vue depuis son foyer, et les lignes pures blanches et rouges de la salle de concert. Disons-le tout net, si nous étions dans ce haut lieu de perdition musicale parisien, c’était pour entendre le timbre chaleureux de Thomas Quasthoff, qui a livré une vision souriante, équilibrée, et d’une humanité émouvante d’une sélection d’airs de concert de Mozart. Les parties purement instrumentales, quoiqu’interprétées avec soin et vivacité, se sont avérées moins mémorables, peut-être en raison de leur écriture moins dramatique. Le concert débute par "Les Petits riens", bande-son d’un ballet-pantomime représenté au Palais-Royal, et dont 13 pièces sur 20 sont de la main du jeune compositeur de passage à Paris. Force est d’avouer que cette musique de scène, d’une joliesse décorative et creuse, peine à se hisser au niveau des productions baroques précédentes en dépit de la permanence un peu archaïque de certaines combinaisons de timbres ou de tournures. La Camerata Salzburg – dirigée depuis son premier violon Gregory Ahss - a beau faire étalage de cordes compactes et précises, de bois et vents perçants, d’attaques énergiques, les petits riens ne font pas tout. On distinguera cependant un Vivo aux échos post-ramistes, un Allegro de la main de Mozart avec un solo de hautbois élégiaque où la fluidité mélodique dépasse l’amabilité mondaine, un ample Larghetto plus inspiré. La Camerata Salzburg conclut le concert en faisant une bouchée de "La Reine", une symphonie de Haydn qui plaisait fort à l’infortunée Autrichienne. Après les prestations superlatives de Thomas Quasthoff, la densité monothématique de Haydn s’avère aussi complexe que désincarnée, en dépit d’une Romanze plus spontanée, construite autour de légères variations à partir de la chanson "La gentille et jeune Lisette", d’une simplicité communicative. C’est donc du côté des quatre airs de concert qu’il faudra se tourner pour trouver dans ce concert une plus grande profondeur émotionnelle, dans une écriture variée tantôt tragique et digne de scènes d’opera serias ("Così dunque tradisci"), tantôt gentiment parodique ("Per questa bella mano") que l’interprétation juste et souple de Thomas Quasthoff magnifie. On ne reviendra évidemment pas sur le courage du chanteur, victime des effets destructeurs de la thalidomide, médicament autrefois prescrit comme somnifère et anti-émétique et qui provoque notamment l’atrophie des membres. Mais cette terrible maladie n’est sans doute pas étrangère à l’énergie qui se dégage du baryton-basse, de cette soif de vie, de cet éternel sourire, de ce bonheur expressif et communicatif qui passe par le chant. La tessiture de Quasthoff, baryton-basse, rend naturellement l’interprétation de ces pièces souvent plus légère que par des basses. On admire le timbre cordial, très à l’aise dans le médian et les graves, un brin inconfortable dans des trilles et ornements trop vagues, le phrasé comme les articulations d’une fluidité naturelle alliant rondeur et générosité. Dynamique et apaisé, même dans les tempi vifs, Quasthoff déroule les sections des airs comme autant de répliques d’une conversation aimable et attentive, s’écartant de toute solennité ostentatoire. A la fois théâtral sans pompe, le "Mentre ti lascio, o figlia" illustre bien ce parti-pris interprétatif d’une humanité pudique et parfois truculente. Et le Lied donné en bis laisse espérer un récital entier dédié à ce répertoire mozartien trop peu exploré. En définitive, notre introduction faisant habilement office de conclusion à la manière d’un da capo, on dira en un mot comme en cent : "Disons-le tout net, si nous étions dans ce haut lieu de perdition musicale parisien, c’était pour entendre le timbre chaleureux de Thomas Quasthoff".
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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