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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"Les voix humaines : Bach, Marais, Sainte-Colombe...", Jordi Savall

Jordi Savall à Castres - D.R.

Karl Friedrich Abel (1723-1787)

Prélude

 

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Allemande

Bourrée

 

Johannes Schenck (1660-1712)

Aria Burlesca

 

Mr. de Sainte Colombe le fils (1660-1720)

Fantaisie en rondeau

 

Mr. de Sainte Colombe le père (c. 1640-1700)

Les Pleurs

 

Mr. Demachy (1665-1692)

Prélude ne ré mineur

 

Marin Marais (1656-1728)

Les Voix Humaines

Muzettes I et II en la

 

Tobias Hume (1569- 1645)

Musicall Humors

 

Alfonso Ferrabosco ( env 1575-1628)

Coranto

 

Thomas Ford (1580-1648)

Why not here

 

John Playford (1623-1686)

La Cloche

Sarabande

 

Anonyme vers 1580

The Bag Pipes

 

Jordi Savall : Viole de Gambe à sept cordes de Barak Norman, Londres 1697.

 

5 février 2010, Théâtre Municipal de Castres, dans le cadre des Dimanches Musicaux de Castres

 

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La viole de gambe et la voix humaine par un Jordi Savall princier

Le mini festival de trois jours afin de fêter les 20 ans des Dimanches Musicaux de Castres ne pouvait mieux débuter en invitant à nouveau Jordi Savall. Claire-Marie Peyrot des Gachons directrice artistique inspirée accorde une place majeure à la musique baroque depuis toujours dans sa programmation. Ce n’est pas chose facile de mobiliser un public fidèle dans une petite ville, surtout en proposant de la musique ancienne, mais l’acoustique excellente et le charme d’un théâtre à l’italienne art nouveau, ainsi que la qualité constante des invités permet un bilan qui force l’admiration. La présence de l’un des  plus grands musiciens baroques qui depuis 40 ans enchante le monde entier avec ses découvertes, donne toute l’ampleur méritée à cet anniversaire. Mais une des qualités communes à la directrice et au musicien catalan est une modestie exigeante et sans concession. Jordi Savall qui lançait récemment en Occitanie sa Tragédie Cathare avec force musiciens complices s’est présenté ce soir seul, avec une superbe viole à sept cordes, et a proposé un voyage sensationnel à travers les plus belles pages écrites durant les 300 ans qu’a duré la splendeur de cet instrument de l’intime.


Car ce qui a dû nuire à la viole, qui n’a pourtant cessé de progresser et de bénéficier de grands maîtres et musicien sensibles, est ce son qui renvoie à l’introspection des  sentiments les plus secrets, de ses peines les plus chères tant pour le violiste que l’auditeur. Cet instrument sous les doigts de Jordi Savall est virtuose pour toucher, non pour impressionner et briller. Il chante la voix de la mélancolie cachée, de l’intériorisation des désirs meurtris et du plaisir de soupirer. Les Pleurs de Mr. De Sainte Colombe le père sont à ce titre le moment le plus édifiant. Ainsi cette discrétion et ce mystère faisant corps avec l’instrument et dont Mr. De Sainte Colombe est une sorte de porte-parole éternel s’explique aussi par des motifs religieux. La famille De Sainte Colombe, dont le fils a été prêtre musicien anglican, était huguenote dans un temps ou il n’était pas bon de le faire savoir. Cet élément historique raconté par Jordi Savall dans la ville de Castres, marquée durablement par les guerres de religion, prenait encore plus de force. 


Mais ce serait faire injure aux autres pièces choisies avec art par Jordi Savall que de ne pas les distinguer. Choisissant de faire un voyage à rebours, partant des compositeurs les plus tardifs dont Abel et Bach, le maître catalan nous a initié avec des interventions pleines de courtoisies, mêlant son goût de l’histoire  et ses connaissances multiples, au répertoire si riche de la Viole de Gambe. Il  a expliqué les avancées techniques, l’ajout de cordes, les audaces d’utilisation de l’archet pour frapper les cordes, la scordatura, qui change la hauteur de certaines cordes et le déplacement des cordes qui se croisent. Leçons d’histoire et de musique mêlées et art de tirer de son instrument toutes sortes de couleurs et de nuances ont captivé le public.


La série de pièces tirées des Musicall Humors de Thomas Hume ont été touchantes à l’extrême, surprenantes par leur modernité et une virtuosité étonnante et une variété de sentiments inouïe. 


Un bien beau concert qui permet de savoir l’ami intime d’un instrument qui a failli disparaître dans un injuste oubli face au si brillant violoncelle. Jordi Savall lui conserve une fidélité réconfortante. Le public est acquis à cette beauté discrète, espérons que l’avenir nous gardera la possibilité de déguster les si délicates sensations de cet instrument si sensible, à l’envoûtante mélancolie. C’est en tout cas précieux en notre époque si ostensiblement clinquante. Et le public comblé a obtenu deux bis de Jordi Savall.
 

 

Hubert Stoecklin

 

Site officiel des Dimanches musicaux de Castres : www.dimanchesmusicauxdecastres.com

 

 

 

 

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