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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Sei solo", Hélène Schmitt, Raphaël Cottin
Hélène Schmitt © Guy Vivien Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Sei solo a violino senza basso accompagnato Sonate n° 1 en sol mineur, BWV 1001 : adagio, fuga, siciliana, presto Sei Solo a violina senza basso accompagnato Partita n° 1 en si mineur, BWV 1002 : allemanda, double corrente, double, sarabande, double, tempo di boreau double
Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704) Passacaille en sol mineur, dite "l’Ange gardien"
Hélène Schmitt : violon Raphaël Cottin : chorégraphie et danse
Costumes : Catherine Garnier Régie lumières : Catherine Noden
3 février 2010, Auditorium Saint Germain, MPAA, PARIS
Sei solo, un long chemin de solitude Hélène Schmitt fait partie de ses jeunes violonistes qui irradient sur le monde musical baroque depuis quelques années. Ancienne élève de Chiara Banchini, sa passion pour son instrument ne peut faire aucun doute, tant ses enregistrements, et en particulier ceux des sonates et partitas de Bach chez Alpha, font figure de référence. Le programme qu’elle a construit avec le jeune chorégraphe et danseur Raphaël Cottin, offert ce soir au public de l’auditorium Saint Germain à Paris, est le fruit d’une recherche confrontant la solitude de l’interprète aux solitudes environnantes. Il se joue d’abord des mots et d’une "erreur calligraphique" de Bach qui en choisissant le titre de ses sonates et partitas « joue sur la multiplicité musicale et la solitude de l’instrumentiste, puisqu’il écrit non pas "sei soli" (six soli), mais "sei solo" (tu es seul) ». Entre pluriel et singulier, entre les artistes sur scène et le public, entre le danseur et la violoniste, se noue une autre forme de dialogue permettant de ressentir toute l’énergie, toute la fougue qui émane de la virtuosité, du geste qui permet de redonner vie à la musique de Bach et de Biber dans leur fulgurance. Les mouvements du danseur entre terre et air, se désarticulent, inventant un nouveau rythme, un nouveau tempo. Raphaël Cottin occupe la scène, du proche ou lointain, venant parfois caresser d’un pied, d’une main, avec tendresse l’instrumentiste. Et puis subitement, il la soulève, élevant et soulignant le geste de l’archet. Tous deux tentent de se rapprocher, pour mieux rompre cette solitude, pour mieux partager cette relation intime entre la musique et son interprète. Les éclairages de Catherine Noden participent à la sensation poétique, troublante et sensuelle qui brûle l’âme à l’écoute des sonates et partitas. Les costumes noirs de Catherine Garnier, sont souples et légers et ils ondulent comme les ailes d’un papillon. Ils ajoutent une note de poésie aux propos, comme une caresse sous un souffle léger. Reste l’essentiel, celui des mots pour parler de l’interprétation de la violoniste. Hélène Schmitt joue des ombres et des lumières. Le souffle laisse s’exprimer l’intensité et la puissance de l’acte musical. Par sa virtuosité, elle devient la musique. Dans la Passacaille de Biber, la danse devient ainsi une plainte, un appel. De son pays d’origine, elle nous en offre la flamme qui la dévore. Elle nous permet de ressentir tous les effets tragiques et pourtant si humains que Biber a développé sur les variations autour de la basse en ostinato. Hélène Schmitt relève les défis de l’interprétation avec une énergie et une grâce qui nous éblouissent. Jamais l’archet ne nous a paru si libre, dans son urgence à triompher de la mort. L’artiste brise sa (les) solitude(s) en laissant s’épanouir la sensualité vibrante de la musique.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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