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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
"La Tarentella", L'Arpeggiata, dir. Christina Pluhar
C. Pluhar © Jeremie Hall "La Tarantella" Œuvres de Kapsberger, Falconiero, Matteis, Cazzati et alii Vincenzo Capezzut, chant Ana Dego, danse
L'Arpeggiata Direction Christina Pluhar
Samedi 09 juin 2012 , salle byzantine, Institut Culturel Roumain, Paris, dans le cadre de la 2e édition des Nuits baroques au Palais de Béhague
Survoltée ! En ces temps de récurrente grisaille, alors que l’été peine à réchauffer les rues de Paris, notre Muse n’était pas fâchée de répondre à l’invitation des Nuits baroques de l’Institut culturel roumain au sein de la très belle Salle Byzantine du Palais de Béhague que nous avions eu le plaisir de découvrir l’an dernier, pour lors de l’édition inaugurale de ce festival. L’Arpeggiata, sous la houlette de Christina Pluhar, a choisi de se replonger dans le genre de la tarentelle, qui avait déjà été l’un de ses grands succès au disque (Alpha, 2010). La tarentelle, forme musicale traditionnelle connue dès le XVIIème siècle, pourrait remonter à l'Antiquité et aux cultes de dieu Dionysos, et les cérémonies expiatoires autour de cette musique effrénée visant à guérir ceux que l'on croyait être victimes de morsure d'une araignée légendaire (la tarentule) ont perduré dans le sud de l’Italie jusqu’au XXe siècle. Il était donc naturel que Christina Pluhar se plonge avec délectation dans ces chants folkloriques souvent accompagnés de danses essentiellement féminines, dont le caractère tout à la fois primesautier et sensuel évoque largement les danses païennes… Sous la houlette de Christina Pluhar et de son inséparable théorbe, la petite troupe de l’Arpeggiata nous offrit un vrai moment de spontanéité jubilatoire irrésistible, mêlant comme à son habitude des influences et des parcours très divers : comment parier sur l’homogénéité d’un orchestre aux personnalités –a priori- aussi différentes ? En contemplant tour à tour le petit bonnet jamaïcain du percussionniste et la robe monacale de la claveciniste, la barbichette soigneusement tressée du contrebassiste et l’allure flamenco-gothique de la harpiste, sans parler du charme ténébreux du guitariste ni du flegme britannique du cornettiste, nous avons avant même les premières notes entrevu ce style unique, à mi-chemin entre le baroque et les accents jazzy, le tout mâtiné de références folkloriques, parfois proche de la "world music" (d’ailleurs le CD des Tarentelles était publié chez Alpha dans la collection "Les chants de la Terre" et non dans "Ut pictura Musica") . Parmi les pièces au mysticisme sulfureux, à l’enchaînement enivrant, gorgé de couleurs et de vie, on distinguera parmi cette sève vermeille d’une richesse un peu burinée le très beau duo entre théorbe et guitare de la Toccata Prima de Girolamo Kapsberger, le charme des diminutions du cornettiste Doron Sherwin dans "La Dia Spagnola" de Matteis, et le très spectaculaire solo de percussion-jonglage de Sergey Saprychev. Vincenzo Capezzuto, avec sa voix haut perchée au timbre presque androgyne très surprenante pour nos oreilles habituées à plus d’académisme, fait montre d’une belle projection et d’une expressivité charnue et voluptueuse, c’est peu dire que la salle fut conquise par la prestation de l’ancien danseur (dont il a gardé la grâce et la présence). Capezzuto, né à Salerne, chanta avec les talents d’un conteur, tour à tour mélancolique et séducteur dans la "Tarantella del Gargano" ou "Tu bella ca lu tieni" (chant populaire), poignant et charmant dans la "Toccata l’Arpeggiata" de Kapsberger, exubérant et "napolitain" dans le chant traditionnel "Pizzicarella mia"… Se joignait le plus souvent à lui la danseuse Anna Dego, pour une tarentelle endiablée (Pizzicarella mia) ou plus mystique dans le "Voi che amate" de Laudario di Cortona. Le plus souvent très rythmés, bondissants, tournoyants, les pas de tarentelles dévoilent les jambes de la danseuse à des rythmes assez débridés, allant parfois jusqu’à évoquer des danses sénégalaises (sauts latéraux sur jambes fléchies) ou marocaines (mouvements circulaires de cheveux lâchés). Si Anna Dego, décrite comme "actrice danseuse", participait belle et bien de l’ambiance survoltée qui régnait ce soir là, l’apport de la danse n’était finalement qu’assez minime par rapport à la richesse musicale qui se dégageait de l’envoûtante Arpeggiata. N’en déplaise aux traditions italiennes, la musique peut parfois se suffire à elle-même… Et en sortant de ce concert si méditerranéen, gorgé de passion et de soleil, on se surprend à s’apercevoir qu’il pleut encore sur Paris. © Institut culturel roumain
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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