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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Georg Philipp Telemann et la France" Olivier Baumont, Nicolas Vaude
© Frédéric Guy
"Georg Philipp Telemann et la France"
Jean-Henry d’Anglebert (1628-1691) Cinq pièces en sol majeur
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) Suite en la mineur
Georg Philipp Telemann (1681-1767) Ouverture en sol majeur Fantaisie I en do mineur Fantaisie II en do majeur
Olivier Baumont, clavecin. Nicolas Vaude, récitant.
26 novembre 2012, Théâtre Le Ranelagh, Paris.
Libres échanges dans le couple franco-allemand Promeneurs et cachottiers le savent bien : on trouve de tout dans les sous-bois. Vêtements anciens, coffres à bijoux, ossements suspects, moitiés de lettres d’amour, bombes oubliées de la dernière guerre... Nombre de ces objets incongrus s’y camouflent à peine. Ainsi quand on découvre un clavecin sous les magnifiques boiseries du théâtre le Ranelagh, on est à peine surpris. A bien regarder il y a même un fauteuil devant. Un musicien s’apprêterait à entrer en scène qu’on n’aurait pas disposé cela autrement. C’est justement dans ce magnifique cadre en chêne sculpté qu’Olivier Baumont s’apprête à présenter son nouveau disque (Georg Philipp Telemann : œuvres pour clavier, Lorelei, critique en cours). Le récital d’une petite heure fera dialoguer le Kantor de Hambourg avec deux des plus grands maîtres du baroque français auxquels Telemann prêta un grand intérêt, audible et fécond. Disons-le d’emblée : jamais de la première à la dernière minute il n’y aura de suspense ou d’inquiétude quant à la qualité du concert. Le son de l’instrument est superbe, le jeu du claveciniste aussi. On cherchera bien à redire, par pure méchanceté ou par habitude, guettant les couacs et autres imperfections comme autant d’objets insolites éparpillés dans un sous-bois, mais on se lassera vite. Cinq pièces extraites de la Suite en sol majeur de Jean-Henry d’Anglebert se succèdent avec bonheur et le phrasé tout en maîtrise et nuances d’Olivier Baumont semble déjà idéal. Le prélude est très bien rendu dans son équilibre entre apaisement et richesse ornementale. On notera un geste élégant, vif et enlevé dans l’interprétation de la courante. L’Ouverture en sol majeur de Telemann "fleure bon la cour de Versailles" selon le maître de cérémonie et l’on s’en convaincra aisément, tant chaque pièce de danse est respectée dans sa vocation. Sans que les tempi soient jamais trop enlevés on ressent ces allemandes, bourrées et menuets comme de véritables appels au pied. Peu de temps après on se fera la même remarque à propos de la Suite en la mineur de Rameau. La gigue est redoutable de précision et d’enjouement quand d’autres pièces gardent une grande clarté de discours malgré la complexité et l’audace de certaines progressions harmoniques. Tout en maîtrise, vous dit-on.
Nicolas Vaude dans le Neveu de Rameau - DR Mais le programme indique bien un invité surprise pour clôturer le concert et la fin du concert approche. Sous les applaudissements d’un théâtre qui lui est familier c’est Nicolas Vaude* qui vient camper pour l’occasion un étrange Telemann, déclamant entre chaque pièce des Fantaisies les bribes d’une autobiographie pour le moins décontractée. Songez que des gros mots furent prononcés. Quel choc ! Passe encore que les compositeurs Allemands s’inspirent du style Français et empruntent sans vergogne les ouvertures de Rameau et consorts. Mais qu’ils nous volent ainsi nos insultes et nos jurons, véritables joyaux de notre culture, cimes fleuries de notre belle langue, c’est proprement inacceptable ! Calmons-nous cependant et soyons sérieux encore quelques secondes. Sans être tout-à-fait irrésistible cette petite séquence de duettistes aura le mérite de terminer la soirée dans la complicité et les sourires. Depuis son entrée en scène Olivier Baumont avait déjà pris soin de présenter chaque œuvre avec simplicité, jubilation et bonne humeur, en authentique amoureux de son instrument et de son art qui, de toute évidence, le lui rendent bien.
* Comédien, il partage la scène avec Olivier Baumont et Gabriel le Doze dans la pièce de Diderot Le Neveu de Rameau donnée en 2009 dans ce même théâtre Le Ranelagh et actuellement en tournée.
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