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6 janvier 2014

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Chronique Festival

Vêpres de la Vierge de Chine

Ensemble XVIII-21, Le Baroque Nomade,

dir. Jean-Christophe Frisch

 

 

 

 

Vêpres à la Vierge en Chine

 

Schola Cantorum de Nantes

Ensemble XVIII-21, Le Baroque Nomade

 

SHI Kelong, chant, déclamation

WANG Weiping, luth pipa

LAI Longhan, flûte dizi

François Picard, orgue à bouche sheng, hautbois guanza, flûte xiao

Cyrille Gerstenhaber, soprano, percussions

Christophe Laporte, alto

Vincent Lièvre-Picard, ténor

Ronan Nédélec, baryton, cymbales

Jean-Paul Boury, cornet, crotales xing

Krzysztof Lewandowski, dulciane basse, cymbae cha

Stéphane Paris, trombone, petit gong tangluo

Jonathan Dunford, viole de gambe

Rémi Cassaigne, théorbe

Carine Moretton, flûte à bec, cornemuse

Frédéric Rivoal, orgue, clavecin, petit gong xiaoluo

 

Jean-Christophe Frisch, flûte, carillon yunluo, direction

 

28 juin 2010, Nantes, Cathédrale

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Ce concert est un voyage

La liste des interprètes reproduite ci-dessus n’est peut-être pas parfaitement exacte. En effet, que connaissons-nous aux instruments chinois ? À peu près rien. Or, nous avons bien vu que le théorbiste, par exemple, avait parfois en main autre chose que son théorbe. Nous serions bien incapable de dire ce que c’était. Il faut cependant, lecteur, observer les noms de ces instruments lointains et exotiques : car ce concert est un voyage. Un voyage dans la Chine du passé, celui du Pékin de l’empereur Kangxi ( 康熙 ) — l’équivalent chinois, paraît-il, de Louis XIV —, celui des missionnaires linguistes, comme Matteo Ricci, ou musiciens, comme Joseph-Marie Amiot.

Juxtaposition et fusion. Certaines pièces auraient aussi bien pu être jouées dans des églises de Rome ou de Venise, comme le madrigal sacré Alla mircaolosa Madonna de Francesco Anerio (justement publié à Rome en 1599). Ces pièces-là ne subissent finalement pas d’influence chinoise. En revanche, le Magnificat final (ou Shengmu ge), bien qu’originellement composé par Anerio, a subi quelques aménagements. D’autres sont de vraies pièces chinoises, comme Liu ye jin (La feuille de saule), ou bien des musiques occidentales adaptées à la chinoise, avec un texte en chinois (Sheng ge, Mutong you shan). Il importait donc de se laisser porter à travers ces méandres de diversité, guidé, çà et là, par les explications claires et élégantes de Jean-Christophe Frisch.

À ce propos, signalons d’ailleurs l’immense point noir de ce concert : la Cathédrale. Nous, critique, nous étions bienheureusement installé au cinquième rang, nous avons bien entendu, mais plus loin dans la nef, c’était une sorte de bouillie, de marmelade, de soupe qui baignait les oreilles des auditeurs. Il en va de même dans toutes les cathédrales médiévales : elles ne sont pas faites pour accueillir cette musique ; chantez-y de l’ars nova, cela sonne, mystérieusement, miraculeusement.

Or l’un des points les plus forts du concert consistait dans deux déclamations, en chinois classique, de SHI Kelong. La première, non annoncée, sur une basse de passacaille ; la seconde, un peu expliquée par J.-C. Frisch, exhortation à l’humilité, sermon de Wu Yushan. Déclamations d’une musicalité inouïe, d’une grande poésie sitôt qu’on se laisse aller. Il n’y a pas besoin de comprendre le chinois pour aimer.

SHI Kelong chante également, et avec quelle conviction ! C’est un enchantement, tout simplement. Il en va de Cyrille Gerstenhaber qui chante en chinois dans un style chinois, admirablement, mais également en espagnol, pour nous prodiguer un autre exotisme avec, par exemple, Senhora del mundo. Le trio composé de Christophe Laporte, Vincent Lièvre-Picard et Ronan Nédélec réussit admirablement dans les madrigaux sacrés, comme Ardente desiderio di morir. En revanche, toutes les vois n’y sont pas égales ; ainsi, on regrettera, dans les motets a solo, la monotonie du baryton-basse Ronan Nédélec, tandis qu’on louera la pureté du timbre et l’aisance à passer d’une langue à l’autre (y compris en chinois) de Christophe Laporte. Le chœur manquait de précision. Quant à l'orchestre, ce sont perpétuellement de nouvelles surprises et sonorités, des associations inattendues, des rythmes savants… Les flûtes traversières chinoises se mêlent à la viole de gambe, l’orgue à bouche au théorbe, et ça marche !

Le concert était peut-être un peu long, d’autant que l’immersion n’était pas progressive, mais totale et directe dès les premières notes. Mais voilà un voyage, pardon, une soirée dont il fallait être, et dont dépaysement et poésie étaient les maîtres-mots.

Loïc Chahine

Printemps des Arts de Nantes et du Pays de la Loire (2 - 30 juin 2010)

Le site officiel du Festival : www.printempsdesarts.fr (programme, réservations)

 

 

 

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