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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival Haendel, Orlando Il Complesso Barocco dir. Alan Curtis
Alan Curtis - DR
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
Orlando
Orlando Iestyn Davies Angelica Roberta Mameli Medoro Kristina Hammarström Dorinda Emoke Barath Zoroastro Lisandro Abadie Il Complesso Barocco
Direction Alan Curtis
Représentation du 11 juin 2012 à l'Opéra Royal de Versailles, dans le cadre du Festival "Le Triomphe de Haendel"
Une furia très française
Nous ne reviendrons pas sur les circonstances de la création de cette œuvre, l’une des plus audacieuses parmi la galaxie des seria du Saxon avec sa scène de folie inclassable qui clôt le 2nd acte, d’une liberté formelle proprement admirable. Audace incomprise d’ailleurs par Senesino, le castrat-vedette, qui claqua la porte à l’issue des représentations, peut-être insatisfait du faible nombre de da capo traditionnels lui permettant de récolter des applaudissements à rallonge. Mais arrêtons-nous là, au risque de justement retomber dans notre travers historico-musicologique alors que vous-mêmes, lecteurs, aspirez avant tout à savourer la relation de cette performance de juin… Orlando, c’est d’abord un orchestre. Coloré, opulent, moins luxueux que celui de Giulio Cesare, mais faisant tout de même appel à des cors et violettes marines. De ce côté-là, on est d’abord un peu rebuté par les sonorités apaisées d’Il Complesso Barocco, aux timbres trop peu caractérisés, tandis qu’Il maestro Curtis mène son ensemble avec équilibre mais sans vigueur. Il en résulte un grand vaisseau d’une grande finesse, aux articulations fines, mais qui manque de contrastes et de violence quoique… petit à petit, contrairement à d’autres représentations, la pouzzolane se durcit, le mortier prend, et le panthéon s’élève. En effet, si le chef n’a pas choisi la carte de la fureur sanguinaire et relègue toute brutalité, les moments-clé de l’intrigue paraissent plus nerveux qu’à l’ordinaire, notamment grâce à une basse continue agile et dynamique, tandis que les chanteurs apportent leur engagement sans faille et insufflent vie à leurs personnages. C’est ainsi un Orlando homogène et théâtral, "fou mais pas trop", capable de surprendre par sa verve poétique, sa chaleur et sa grâce qu’Alan Curtis nous a convié.
Iestyn Davies - DR Il faut dire que sur scène nous retrouvons avec plaisir le peu connu Iestyn Davies que nous avions distingué pour ses Airs allemands handéliens parus chez un petit label. Le contre-ténor fait montré d’une émission puissante, d’aigus bleutés un rien bowmanesques mais plus durs, et d’une superbe précision dans les attaques, parfaitement capable de délivrer un "Fammi combattere" martial et orgueilleux, comme un "Gia l’ebro" d’une sensualité alanguie. La tenue du chant, le phrasé noble et naturel conviennent comme un gantelet au Paladin, et rendent d’autant plus crédible sa soudaine déraison avec un "Vaghe pupille" d’une violence froide. La belle Angelica de Roberta Mameli apporte quant à elle une lumineuse féminité à sa princesse. Certes, les aigus sont un peu étroits, quelquefois instables, mais le timbre agréable, suggestif et coloré, et une sorte d’optimisme souriant emportent l’adhésion, notamment dans les scènes galantes (duo "spera, moi ben" un brin narcissique, "chi possessore e del moi cor" mutin). Étonnamment, sa rivale et second rôle Dorinda acquiert une grâce touchante sous les ornements ciselés d’Emoke Barath, au soprano léger et charmeur ("o care parolette"), dessinant un personnage plus mélancolique qu’il n’y paraît au premier abord, et dont la détresse du fameux trio "consolati bella" semble d’une désarmante vérité. Enfin, le mage Zoroastro acquiert une rocailleuse et solennelle stature avec un Lisandro Abadie hiératique et imposant, en dépit de quelques décalages, et d’un phrasé un peu plat. L’on savourera en particulier l’astrologique récitatif accompagné d’ouverture qui apporte une note mystérieuse à l’ensemble. A l’issue de la soirée, les applaudissements nourris du public ont célébré la victoire du guerrier sur lui-même, et la beauté de cette amertume en revient à la lecture droite et sans affèterie d’Alan Curtis, qui a su maintenir la tension dramatique tout au long de l’ouvrage, de sa direction racée et peu spectaculaire.
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