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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival Haendel, Saul, The Sixteen, dir. Harry Christophers
Harry Christophers © Stu Rosner
Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
Saul
Saul music
Dès l'ouverture, Harry Christopher semble tout à son aise dans la densité de l'orchestre, enchaînant sans peine à un premier mouvement aérien les langueurs puissamment modelées du mouvement lent. La virtuosité éclate au dernier mouvement, où le déchainement des timbales et des trompettes brille sans occulter le reste de la palette instrumentale ni le chœur flamboyant qui suit. Ce souci de l'équilibre restera constant tout au long du concert, il témoigne à notre sens d'une parfaite maîtrise de cette partition complexe. Tout au long de l'œuvre, l'exécution des passages proprement orchestraux est très soignée, les nombreuses symphonies y brillant comme autant de joyaux. La voix puissante aux accents ténébreux de Jonathan Best traduit bien les divers états de Saul. Exprimant tour à tour le courroux de la jalousie ("What do I hear ?"), suivi d'imprécations tonnantes ("With rage"), sa colère ("A serpent") avant de lancer son javelot sur le jeune héros, il se fait onctueux pour tenter de rallier son fils Jonathan à sa cause ("As great Jehovah lives") à l'acte II. Signalons encore les deux accompagnatos du début de l'acte III, à la projection impeccable et à la diction soignée, sur les accents tragiques de l'orchestre. Julie Cooper, soprano au timbre de cristal, fait montre d'une ligne de chant fluide et moelleuse dès sa première apparition ("O godlike youth"). Elle aborde son "See, what a scornfoul air" servie par un orchestre fluide et ductile, avant le magnifique solo de carillon éxecuté par Julian Perkins, délicatement appuyé par les violons. Et son "Fell rage" donne lieu à un beau duo avec la flûte traversière de Christine Garrat. Citons aussi son magnifique duo avec David au second acte, où les deux voix se répondent puis s'unissent harmonieusement vers un superbe final, relayé par le choeur. Enfin le récit de la mort de son frère ("In sweetest harmony they lived") est particulièrement bouleversant. Fier contrepoint à la douceur angélique de sa soeur, Merab (Elizabeth Atherton) est une mezzo au timbre ambré, relevé d'une pointe d'acidité. Tantôt elle nous régale par son velouté raffiné : "An infant rais'd", délicatement accompagné par Frances Kelly à la harpe et Eligio Luis Quinteiro au théorbe (au premier acte), le phrasé délicat de la céleste supplique "Author of peace" (au troisième acte), où le violoncelle se mêle à la harpe et au théorbe. Tantôt sa voix se pare du tranchant de l'obsidienne pour affronter les redoutables ornements de son rôle : "What abject thoughts !", et surtout le pyrotechnique "Capricious man". Anne-Marie Gibbons campe de son délicat timbre cuivré un jeune David plutôt crédible. Sa ligne de chant est soignée, sa projection assurée et bien stable, y compris dans les ornements ("O King"). Nous avons été séduits par sa prière nimbée d'émotion ("O Lord"), ornée d'un magnifique solo de harpe. Signalons encore les beaux duos avec Michal au second acte, l'évocation poignante de Jonathan au troisième acte ("Brave Jonathan") suivie de la profondeur de son désespoir ("For thee, my brother Jonathan"), repris par le chœur. Dans le rôle de Jonathan, la vigoureuse voix de ténor de Joshua Ellicott abrite un bon sens des nuances, ses attaques tranchantes faisant place à des accents plus mélodieux quand il s'adresse à David ("Birth and fortune I despise !"). De même, au final de l'acte I, le déchirant accompagnato "O filial piety" se mue en un décidé "No, cruel father, no !". Les airs de l'acte II brillent par la richesse de la palette du timbre : supplication émouvante du "Sin not, O King", ton prophétique dans le "From cities stormed". Jeremy Budd possède un timbre un peu trop rond pour incarner le rugueux rôle de la sorcière d'Endor de manière crédible, mais on ne se plaindra pas de la beauté de la voix dans l'invocation "Infernal spirits". La voix de basse caverneuse de Stuart Young est incontestablement appropriée au rôle du Fantôme de Samuel. Tom Raskins est un Amalécite fort honorable, et la voix de basse de Ben Davies campe un Doeg tout à fait crédible. On ne saurait achever cette critique sans souligner le rôle central et l'excellente qualité du chœur, d'une homogénéité solide et dont les différentes parties demeurent bien audibles au sein de cette partition dense. Parmi les passages les plus remarquables, mentionnons l'Halleluiah ! pyrotechnique du premier acte, l'atmosphère de foi proclamée au final du même ("Preserve him"), les superbes polyphonies du début du second acte ("Envy, eldest born of hell") et du final ("O fatal consequence"), et l'éclatant choeur final "Gird on that sword" aux attaques tranchantes. Les spectateurs présents ce soir-là rendirent justice à cette interprétation de haute volée par de nombreux applaudissements, qui justifièrent plusieurs rappels.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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