Rechercher Newsletter  - Qui sommes-nous ? - Espace Presse - FAQ - Contacts - Liens -   - Bookmark and Share

 

mise à jour

20 janvier 2014

Editorial

Brèves

Numéro du mois

Agenda

Critiques CDs

Critiques concerts

Interviews

Chroniques 

Tribune

Articles & Essais

Documents

Partitions

Bibliographie

Glossaire

Quizz

 

 

Genre : musique religieuse

Jean-Sébastien BACH (1685-1750)

Cantates

 

"Ich habe genug" BWV 82
"Gott soll allein mein Herze haben" BWV 169
"Nach dir, Herr, verlanget mich" BWV 150 : Sinfonia
Air "Bekennen will ich seinen Namen" BWV 200

"Komm, du süße Todesstunde" BWV 161 : Récitatif "Der Schluss ist schon gemacht”
 

Georg Melchior Hoffmann (ca. 1679–1715) ?
Schlage doch, gewünschte Stunde BWV 53 : Arir “Schlage doch, gewünschte Stunde”


Andreas Scholl, contre-ténor

Junko Takamaya, soprano

Michael Feyfar, ténor

Raitis  Grigalis, basse

 

Kammerorchester Basel, dir. Julia Schröder
 

63'31, Decca, 2012.

La Valer n'attend pas le nombre des années

Voici un choix qui pourra surprendre nos lecteurs. Parce que ces derniers n'auront pas manqué de noter notre déception lors du "O Solitude" poussif du contre-ténor (Decca). Parce qu'ils savent aussi notre hantise de l'écartèlement que constitue l'exercice du récital, et que le crime est d'autant plus affreux lorsque la victime est une cantate sacrée. Et pourtant la voici, après bien des hésitations, cette Muse d'Or, teintée de poésie et de nostalgie, de la douce flamme d'une ferveur contenue et du chant d'une délicate humanité d'Andreas Scholl, qui malgré les années, continue d'apporter son timbre évocateur, d'une transparence insoutenable et aux reflets bleutés dans les aigus. Certes, les puristes se remémoreront l'agilité paradoxale de Scholl, celle d'une fragilité sensible et glacée qui les accompagna d'enregistrement en enregistrement sous la houlette de Philippe Herreweghe ou de Christophe Coin. Ils noteront les traces de fatigue vocale, le côté un peu engorgé des graves (plus perceptible en concert qu'au disque), l'émission un peu droite. Qu'importe, car ce disque aux pièces soigneusement agencées  représente un chant d'amour à la musique de Bach d'une luminosité souriante et tendre, d'une discrétion qui convainc écoute après écoute, à la manière d'un tableau pointilliste qui ne se livre pas au premier regard.

Il commence avec la transcription de la fameuse BWV 82 "Ich habe genug" qui correspond à la pratique de l'époque puisque l'œuvre, composée comme chacun le sait à l'origine pour une tessiture de basse en 1727, fut reprise en 1731 et 1737 dans une version pour soprano, et en 1747 ou 1748 peut-être dans une version pour mezzo (sur laquelle la lumière musicologique doit encore être faite). On admire la déclamation ciselée des récitatifs à la scansion nuancée et la rondeur enveloppante du "Schlummert ein", angélique édredon ouaté. Scholl connaît son Bach depuis son enfance, et la familiarité qu'il entretient avec le langage du Kantor est toujours aussi confondante, effusion naturelle et retenue, changeante et complexe, ne reniant pas le souffle mélodique tout en accordant son importance au mot. Il y a dans ces phrasés une sorte d'évidence, et en dépit de la qualité de l'accompagnement du Kammerorchester Basel (en très nette infériorité typographique sur la jaquette comme les notes de programme, il faut d'ailleurs chercher à la loupe le nom de sa directrice Julia Schröder écrasée par les capitales scandant le nom d'Andreas Scholl), l'orchestre tout entier semble se contenter de soutenir, émerveillé et parfois rêveur, la prestation du chanteur. Les Sinfonias  de la BWV 169 et 150 laissent pourtant entrevoir des cordes homogènes et opulentes, des attaques précises, un positif agile (les solistes obligés tomberont hélas au champ d'honneur en soldats inconnus), une couleur un peu terne, notamment du côté des bois.

Mais revenons à notre voyage, celui d'Andreas Scholl, en nous arrêtant sur les escales qu'il nous réserve, tel ce "Gott soll allein mein Herz haben" au tétracorde descendant et à l'orgue obligé entêtant : Scholl invite l'auditeur à l'accompagner sur des rivages incertains, méandres souriants, sables mouvants, surprises de la vie, bien loin de la non moins excellente vision d'un Paul Esswood chez Harnoncourt, ce dernier se révèlant beaucoup plus décidé et vigoureux (Teldec). Et c'est pour ce regard de promeneur pensif qui se perd dans le tapis soyeux de cordes de la BWV 200 (en fait un arrangement de l'air  "Dein Kreuz, o Bräutgam meiner Seelen"  d'un oratorio de Gottfried Heinrich Stölzel), plus que pour la générosité ample de l'aria isolée "Schlage doch" trop démonstrative et saccadée qui clôt le disque - issue d'une cantate funèbre à présent réattribuée à Georg Melchior Hoffman accompagnée de clochettes - que l'on se laissera aller à l'abandon troublant de ce récital personnel et touchant.

 

                                  Vidéo officielle de présentation © Decca, 2012

 

 

Viet-Linh Nguyen

Technique : Prise de son claire et précise, avec la voix de Scholl bien en valeur.

 

 

 

Affichage minimum recommandé : 1280 x 800

Muse Baroque, le magazine de la musique baroque

tous droits réservés, 2003-2014