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6 janvier 2014

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Tonalités
et Affects
d'après
Charpentier, Mattheson, Rameau & Schubart.
Tableau établi principalement à partir des annexes de Pierre Alain Clerc, Discours
sur la Rhétorique Musicale, et plus particulièrement sur la Rhétorique
Allemande entre 1600 et 1750, et de notes prises directement d'après l'édition
originale de l'ouvrage de Charpentier, visible lors d'une exposition à la Cité
de la Musique à La Villette.

Note : conformément à l'usage, M = Majeur et m = mineur ; italique = en
français dans le texte
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M.A. Charpentier
(1636-1704), Règles
de
composition,
Paris,
1690.
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Johann
Mattheson (1681-1764), Das
Neu-eröffnete Orchestre, Hamburg,
1713. |
J.P.
Rameau (1683-1764) Traité de l’Harmonie –chap. 24, livre second, Paris, 1722
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Chr.
Fr. D. Schubart (1739-1791), Ideen zu einer Ästhetik der Tonkunst,
Wien, 1806 |
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Do M |
Gai et guerrier.
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Caractère insolent. Réjouissances.
On donne libre cours à sa joie.
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Chant
d’allégresse et de reconnaissance (comme Ré ou La majeur). |
Parfaitement pur. Innocence, naïveté, Eventuellement charmant ou tendre
langage d’enfants. |
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Do m |
Obscur et triste.
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Surtout agréable, charmant, mais aussi triste, désolé.
Porte
facilement à la somnolence. Deuil
ou sensation caressante.
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Convient à la tendresse et aux plaintes (comme Fa mineur) |
Déclaration d’amour, et en même temps plainte de l’amour malheureux.
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Ré M |
Joyeux et très
guerrier.
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Piquant, brillant, vif, opiniâtre,
obstiné, bruyant, amusant,
guerrier, stimulant. Event. délicat.
Trompettes et timbales.
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[cf. Do
majeur]
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Ton des
triomphes, des Alleluias, des cris de guerre et de joie de la victoire. |
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Ré m |
Grave et dévot.
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Dévot, calme, grand, agréable,
content. Event. Divertissant, non
pas sautillant mais fluide. Tonalité des choses d’église et dans la vie
commune, de la tranquillité de
l’âme.
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Convient à la douceur et à la tendresse (comme les tons de Sol, SI et Mi
mineur).
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Caractère de femme sombre couvant le spleen et des idées noires. (sic)
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Mi b M |
Cruel et dur.
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Très pathétique. Jamais grave ou
plaintif ou exubérant.
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*** |
Ton de
la dévotion, de la conversation intime avec Dieu. Expression de la trinité
avec ses trois bémols.
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Mi b m |
Horrible, affreux.
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* * *
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*** |
Sensation d’anxiété, de trouble de l’âme, de désespoir.
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Mi M |
Querelleux et criard.
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Tristesse désespérée et mortelle,
amour désespéré. Séparation
fatale du corps et de l’âme. Tranchant, pressant.
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Convient aux chants tendres et gais, ou encore au grand et au magnifique.
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Allégresse bruyante. Joie souriante mais sans jouissance complète.
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Mi m |
Effemmé, amoureux
et plaintif.
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Pensée profonde. Trouble et
tristesse, mais de telle manière
qu’on espère la consolation :
quelque chose d ’allègre, mais non
pas gai.
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[cf. Ré
mineur]
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Déclaration d’amour de femme naïve, innocente. Plainte sans murmures
accompagnés de peu de larmes.
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Fa M |
Furieux et
emporté.
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Magnanimité, fermeté,
persévérance, amour, vertu,
facilité. On ne peut mieux décrire
la sagesse, la gentillesse de cette
tonalité qu’en la comparant à un
homme beau, qui réussit tout ce
qu’il entreprend aussi vite qu’il veut
et qui a bonne grâce, wie die
Franzosen sagen.
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convient aux tempêtes, aux furies, et autres sujets de cette espèce (comme
Sib majeur). |
Complaisance, repos.
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Fa m |
Obscur et plaintif.
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Herzens-Angst résignée et modérée mais aussi profonde
et lourde. Doute. Produit une mélancolie noire et désespérée et plonge
les auditeurs dans la grisaille et leur donne le frisson.
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Convient à la tendresse et aux plaintes (comme Ut mineur)
|
Mélancolie profonde, langueur de la tombe.
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Fa # M |
* * * |
* * * |
* * * |
Triomphe dans l’adversité. On respire librement sur le sommet de la colline.
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Fa # m |
* * * |
Grand trouble, plutôt languissant et
amoureux. Quelque chose
d’abandonné, de solitaire, de
misanthrope. Ton obscur. Tiraille la passion comme le chien hargneux la
draperie.
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* * * |
Ton
obscur. Tiraille la passion comme le chien hargneux la draperie.
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Sol M |
Doucement joyeux.
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Beaucoup d ’insinuation, de
bagoût, de brillant. Convient aussi
bien aux choses sérieuses qu’aux
gaies.
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[cf. MI
majeur plus haut]
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Champêtre, idyllique. Reconnaissance affectueuse pour amitié sincère et
amour fidèle.
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Sol m |
Sérieux
et
magnifique.
|
C’est presque le plus beau de tous
les tons : il mêle au sérieux du précédent une tendresse alerte
mais procure aussi grâce et
charme. Choses tendres ou
ravigorantes ; plaintes modérées
ou joie tempérée. Sol mineur est
extrêmement
flexible. |
[cf. Ré
mineur plus haut]
|
Mécontentement, malaise. S’agacer pour un projet avorté, ronger son frein de
mauvaise humeur.
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La b M |
*** |
*** |
*** |
Ton du
fossoyeur, mort, décomposition, jugement, éternité.
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Sol # m |
*** |
*** |
*** |
Morose,
grognon, cœur oppressé jusqu’à l’étouffement. |
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La M |
Joyeux et champêtre.
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Ce ton doit saisir. Il brille immédiatement, et plus pour
les passions plaintives et tristes que pour le divertissement. |
[cf. Ut
ou Ré majeur plus haut]
|
Ce ton
contient des déclarations d’amour innocent, espoir de ; Il convient
particulièrement au violon. Revoir l’être aimé, gaîté juvénile,
confiance/Dieu.
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La m |
Tendre et plaintif.
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Allure fastueuse et grave. Mais
aussi dirigé vers la flatterie. Par
nature, bien modéré, un peu
plaintif, décent (respectable),
tranquille, invitant même au
sommeil. Peut être employé pour
tous les mouvements de l’âme. Il
est modéré et doux pour le public.
|
***
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Nature
de femme dévote et douceur de caractère.
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Si b M |
Magnifique et joyeux.
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Divertissant et fastueux. Et aussi
modeste. Peut passer à la fois
pour magnifique et mignon. Ad
ardua animam elevat.
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[cf. FA
majeur ci-dessus]
|
Amour
enjoué, bonne conscience, espoir, regards vers un monde meilleur.
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Si b m |
Obscur et terrible. |
* * * |
*** |
Un
original bourru qui prend rarement une mine complaisante ; se moque de Dieu
et du monde. Prépare au suicide.
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Si M |
Dur et plaintif.
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Caractère contrariant, dur et
désagréable, et en plus, quelque
chose de désespéré. Il est peu
employé.
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*** |
Très
coloré, passions farouches : colère, fureur, jalousie, délire, désespoir.
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Si m |
Solitaire et
mélancolique.
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Bizarre, maussade et
mélancolique : c’est pourquoi il
apparaît si rarement. Et c'est peut-être aussi pourquoi les Anciens
l’avaient banni de leurs couvents. |
[cf. Ré
mineur plus haut]
|
Patience, attente tranquille de son sort, et de la résignation à la volonté
de Dieu. Sa plainte est si douce qu’elle n’éclate jamais en murmures ou en
vagissements outrageants.
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La conception des
tempéraments fait que certaines tonalités n'apparaissent pas (ut # M, ré b M
par exemple) ou n'apparaissent que chez l'un des deux auteurs (cf. De
l'Importance des Tempéraments).

Rameau à la fin de sa
vie
Rameau
donnera lui aussi une caractérisation des tonalités dans son , Paris,
1722. Partisan du tempérament
égal à la fin de sa vie, Rameau reniera les distinctions de son Traité de
l’Harmonie en affirmant qu’il
n’y a que deux
modes, le
majeur et le mineur.
| Le mode
majeur pris dans l ’octave des notes de :
Ut,
Ré ou La convient aux chants d ’allégresse et de
reconnaissance.
Fa
ou Si
bémol convient aux tempêtes, aux furies et aux autres sujets
de cette espèce.
Sol
ou Mi
convient également aux chants tendres et gais;
Ré,
La ou Mi
convient encore au grand et au magnifique.
Le
mode mineur pris dans l ’octave des notes :
Ré,
Sol, Si, Mi convient
à la douceur et à la tendresse.
Ut
ou Fa
convient à la tendresse et aux plaintes.
Fa
ou Si
bémol convient aux chants lugubres.
|
Lire aussi L'expression des
intervalles d'après Kirnberger 
Sources :
Marc-Antoine
Charpentier,
"Règles de composition par M. Charpentier" in
Catherine
Cessac, Marc-Antoine Charpentier,
Fayard, Paris, 1988.
Johann
Mattheson,
Das Neu-erröffnete Orchestre, Hambourg,1713,f ac-simile G.Olms,
Hildesheim, 1997.
J.P. Rameau, Traité de
l’Harmonie, chap. 24, livre second, Paris, 1722
Chr. Fr. D. Schubart, Ideen zu
einer Ästhetik der Tonkunst, Wien, 1806
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