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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Bach, Abécédaire biographique et sensible, Claire Giardelli, Jean-Pierre Marielle, Agnès Pontier
D.R. Johann Sebastian BACH (1685 - 1750)
Abécédaire biographique et sensible
Conception Mirella Giardelli
Claire Giardelli, violoncelle Agnès Pontier, Jean-Pierre Marielle, récitants
16 décembre 2012, Salle Gaveau, Paris
"L'E s'évertue ensuite, élancé par l'haleine, Chaque fois qu'on respire, il échappe sans peine" Pierre Antoine Augustin de Piis, L'Harmonie imitative de la langue française
Biographique et sensible, ce spectacle l'était sans nul doute. Bâti sur un concept intéressant, mêlant des extraits des Suites pour violoncelle seul que Claire Giardelli vient de faire paraître chez Ligia avec des extraits de documents d'époque, notamment issus du Bach en son temps de Gilles Cantagrel ou de la Chronique d'Anna Magdalena, l'Abécédaire se sert du truculent texte de Pierre Antoine Augustin de Piis pour structurer son évolution. La mise en espace, chaleureuse mais brouillonne, donne l'impression que les artistes se sont retrouvés paisiblement au coin du feu, dans leur salon, pour une sorte de répétition grandeur nature.
Les confortables chaises, abat-jour, table, bougie, carafe, tableau d'ardoise pour enfant (on notera la jeune présence d'une enfant qui occupe la scène, se promène, fait des dessins...), établissent hélas un décor à la fois sous-utilisé et qui finit par distraire le spectateur, ce qu'accentuent des déplacements spontanés et apparemment peu cadrés, si bien que l'on se demande s'il n'eut pas mieux valu réduire cet appareil à l'essentiel, à savoir à la voix impérieuse et grave de Jean-Pierre Marielle, prisonnier malgré lui de son incarnation mythique de Monsieur de Sainte Colombe, toujours aussi magistral et charismatique, d'une dignité amusée en dépit des années (face auquel Agnès Pontier se révèle clairement en retrait), et à l'archet plein d'émotion de Claire Giardelli qui hélas, n'a pu jouer aucune des Suites dans son intégralité, ce qui confère à l'enchaînement un côté frustrant car trop segmenté et parcellaire.
Jean-Pierre Marielle © Jean-Paul Bajard
Et pourtant, la magie de la récitation et de la musique finit par apporter à l'Abécédaire la cohérence et la limpidité qu'il lui manquait, et au fil des extraits de Suites, hélas trop brefs, Claire Giardelli brosse un portrait lumineux et doux du compositeur. Certes, on dénotera quelques problèmes de justesse, notamment lors des changements d'instruments, mais cette vision sereine et éloquente, ce phrasé reposé et d'une grande intelligibilité, ce sourire énigmatique et esquissé, livrent à l'auditeur un Bach nostalgique, d'une fluidité confinant à l'évidence. On aurait quelquefois voulu un discours plus scandé et plus contrasté, à l'image de la superbe Sarabande crépusculaire de la Suite n°6, ou encore des danses plus mélodiques et dansantes (Menuets de la première suite par exemple), qu'importe, le jeu équilibré et personnel de Claire Giardelli, pour n'être pas le plus spectaculaire, dénote une sincérité touchante.
De même, Jean-Pierre Marielle se glisse avec malice et complicité dans la peau de ce Bach tirant l'épée contre ses turbulents élèves, tempêtant contre la médiocrité de ses chœurs, campant de fil en aiguille un Cantor sympathique et bougon, loin de l'altier Gustav Leonhardt du film de Straub et Huillet. C'est donc un Abécédaire parfois hésitant et inachevé, à l'atmosphère intimiste, qui nous a été offert cet après-midi de décembre et nous espérons que sous une forme révisée ce spectacle pourra être repris, en imaginant, pourquoi pas, dytique où Jean-Louis Charbonnier jouerait du Sainte-Colombe aux côtés de Jean-Pierre Marielle relisant Pascal Quignard.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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