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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Haydn, Il Mondo della Luna Compagnie Manque Pas d'Airs dir. Camille Delaforge, mise en scène Alexandra Lacroix
© Accent Tonique
Joseph HAYDN (1732-1809)
Il Mondo della Luna (1777) Dramma giocoso en trois actes, sur un livret anonyme d'après Carlo Goldoni.
Anna Reinhold (Lisetta, en alternance avec Pauline Sabatier), Charlotte Dellion (Clarice), Cécil Gallois (Ecclitico), François Rougier (Cecco), Guilhem Souyri (Buonafede)
Mise en scène : Alexandra Lacroix Costumes : Aline Hersam Lumières : Romain de Lagarde Direction musicale/ pianoforte : Camille Delaforge Compagnie Manque Pas d'Airs
Représentation du jeudi 15 mars 2012 au Théâtre Mouffetard (Paris)
De la Terre à la Lune... Nous avions eu le plaisir d'assister, il y a environ un an et demi, à une production originale du Didon et Enée de Purcell, dans le cadre intimiste du Théâtre Mouffetard, par la jeune compagnie Manque Pas d'Airs. Aussi c'est avec une curiosité mêlée d'un certain plaisir que nous nous sommes rendus l'autre soir dans ce même théâtre, cette fois pour Le Monde de la Lune, dramma giocosa de Joseph Haydn. Cette œuvre fut commandée pour le mariage du comte Nikolaus Esterhazy, plus jeune fils du prince Esterhazy, avec la comtesse Wissenwolf. Le prince Esterhazy fut le principal employeur et protecteur de Joseph Haydn, qui occupa pendant plusieurs décennies les fonctions de maître de chapelle à son service. Afin d'épouser la fille du riche Buonafede, barbon passionné d'astronomie, Ecclitico se fait passer pour un astrologue qui pourrait lui obtenir une invitation sur la lune. Il le dupe avec un téléscope trafiqué montrant des jeunes filles soumises et caressantes. Conquis, Buonafede décide de suivre Ecclitico et boit ce qu'il pense être la potion permettant d'atterrir sur la lune. Aidé par le valet Cecco, Ecclitico transforme son jardin en espace lunaire et réveille Buonafede, persuadé d'être arrivé à destination. Le bourgeois crédule savoure alors les joies du monde sublunaire puis réclame sa servante et sa fille auprès de lui, faveur qui lui sera accordée s'il accepte de les donner en mariage aux prétendus citoyens de la lune Cecco et Ecclitico. Buonafede y consent, et va jusqu'à se délester de son or. La trahison est révélée et Buonafede, d'abord furieux, finit par tout pardonner, reconnaissant avoir été trop rigide.
© Accent Tonique Dans un coin de la scène trône un pianoforte, instrument qui nous régalera tout au long du spectacle de ses sonorités moelleuses, sous les doigts agiles de Camille Delaforge. La mise en scène repose sur des accessoires peu nombreux qui conviennent bien à la taille réduite de la salle. Quelques consoles d'écran évoquant les années des premiers pas sur la Lune, quelques appareils électroniques sortis tout droit de la même époque, une fausse lunette astronomique posée sur un trépied de projecteur suffisent à suggérer l'ambiance. Nous voici ramenés en un tournemain à la fin des années 60 ! A l'entracte, la diffusion des enregistrements des paroles des astronautes américains lors de cette équipée historique achèvera de nous replonger dans l'ambiance... Sur la scène, le contre-ténor Cécil Gallois incarne un Ecclitico tout affairé à sa machinerie informatique, qui crachote en anglais des instructions à peine compréhensibles...De son timbre diaphane, légèrement acide, il fait miroiter à Buonafede des images érotiques du monde lunaire ! Ce dernier (Guilhem Souyri) possède une voix de baryton aux graves généreux et à la vaillante projection. Il pose avec naturel ce rôle de gogo, un peu fanfaron, séducteur sur le retour, parfait dindon de la farce qui se prépare...Lisetta (Anna Reinhold) nous dévoile son timbre mat de mezzo dans son air "Una donna come me", avant que la première partie ne s'achève sur le beau quatuor "Vado, vado".
© Accent Tonique Le meilleur reste toutefois à venir. Après l'ingestion d'un somnifère, Buonafede se réveille sur la Lune. Il y est accueilli par l'empereur sélénite, impayable Cecco (François Rougier) qui cabotine ("Un avaro suda è pena", à la projection affirmée malgré quelques imperfections de timbre) en tenue immaculée de commandant de bord, les traits dissimulés par un masque de moto flamboyant, puis par de larges Ray-Ban ! Les airs s'enchaînent : Cecco, Lisetta toute joyeuse d'avoir retrouvé son bien-aimé, puis Clarice (Charlotte Dellion, au timbre cristallin de soprano). La partitition culmine lors du couronnement de Lisetta comme impératrice de la Lune, qui se prolonge avec un bel air d'Ecclitico (dans lequel Gallois montre tout son sens des nuances), puis enchaîne sur un beau duo d'amour entre les tourtereaux lorsque Buonafede, à qui l'on a enfin expliqué la supercherie, se résout à tout pardonner...Happy end obligé, la représentation s'achève sur un preste choeur final, bien équilibré. La production est à l'affiche du théâtre Mouffetard jusqu'au 21 avril prochain : amis baroqueux d'Ile-de-France, profitez d'un prix des places attractif, et régalez-vous.
Théâtre Mouffetard
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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