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Chronique Festival

Lully, Idylle sur la Paix

Les Agrémens, dir. Guy van Waas

Guy van Waas - D.R.

Jean-Baptiste Lully
Dies Irae

Idylle sur la paix LWV 68

 

Henry Du Mont
Magnificat
Nisi Dominus
 

Solistes :

Caroline Weynants, Aurélie Franck (sopranos), Renaud Tripathi (alto), Thibault Lenaerts, Olivier Berten (ténors), Philippe Favette (basse)

 

Chœur de Chambre de Namur

Les Agrémens

Direction Guy van Waas

 

24 janvier 2010, Auditorium du Louvre, Paris, dans le cadre du Printemps du Baroque 2010

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De l’Orangerie à l’Auditorium

Il faut avouer que nous n’avons pu résister à l’Idylle sur la Paix, unique participation de Racine à un livret musical – ô combien laudateur voire servile, cantate de propagande vantant le succès des armes de Louis. Mais avant de pouvoir relater l’interprétation que livrèrent Les Agréments de cette vingtaine de récits et de chœurs tout à la gloire des victoires du Roi-Soleil et de la trêve de Ratisbonne (1684), commençons - avant de nous égarer dans l’Orangerie de Sceaux où le Marquis de Seignelay fit donner ladite Idylle le 16 juillet 1685 - commençons disons-nous, par la Chapelle et quelques motets à double chœur, comme Du Mont ou Lully surent si bellement en écrire.

Le Dies irae de Lully fut composé pour les funérailles de la Reine Marie-Thérèse et interprété juste après le grave De Profundis du même compositeur, sous les voûtes de la Basilique de Saint-Denis. Au passage, on notera que Lully y intègre au début les premières notes du chant grégorien. Les effectifs orchestraux très restreints (11 musiciens, en comptant 4 hautboïstes et flûtistes absents des motets) ne permettent pas pleinement à l’écriture dense de Lully de s’épancher, mais confèrent une douceur inhabituelle et italianisante aux ritournelles qu'accentue des tempi étirés et onctueux. Le premier mouvement en ressort alangui et douloureux, avec un excellent "Quantus tremor" posé et déclamatoire. Si ce moelleux convient parfaitement au "Mors stupedit" puissant et solennel, le "Tuba mirum" manque de dynamisme et de théâtre pour cette trompette du jugement dernier où même les mélismes paraissent un peu confus. On distinguera ensuite un "Rex tremendae" majestueux à souhait, un "Quaerens me" fragile et d'une touchante humanité blessée et enfin les beaux chromatismes du "Lachrymosa dies illa" presque expiatoire. Il faut ajouter que l'acoustique neutre de l'auditorium, avec peu de réverbération a peut-être justifié la vision relativement paisible, d'une musicalité poétique dans les choeurs, de Guy van Waas chez Lully, refusant les ruptures énergiques d'un Hervé Niquet.

Cependant, le Nisi Dominus et le Magnificat de Du Mont démentent cette hypothèse (à moins que les musiciens soient désormais bien échauffés) et s'avèrent suggestifs et variés dans leurs rythmes et leurs couleurs. Le Nisi Dominus, pièce brève, permet aux Agrémens de souligner au pinceau les tournures du compositeur, posant discrètement ci-un violon grainé et chantant ("qui manducatis panem doloris"), ci un vaste lavis ample et généreux (ecce haereditas Domini filii"). Le Magnificat, qui conclut la partie sacrée de ce concert est un motet d'envergure, commençant par une symphonie suggestive et étonnamment grave après laquelle s'enchaîne le premier verset de Luc interprété d'abord uniquement par des voix masculines. L'approche est massive, les choeurs faisant montre de cohésion et d'équilibre entre les pupitres, les finales longues. L'on regrettera un peu que Guy van Waas n'ait pas décidé lors des motets de mieux spatialiser ses chanteurs, en vue de marquer l'opposition entre le choeur de solistes et le grand choeur.  

L'Idylle sur la Paix ne fait pas partie des oeuvres les plus jouées du Surintendant, si l'on excepte sa renaissance en concert puis au disque sous la houlette d'Hugo Reyne pour le tricentenaire de la mort de Racine en 1999. Elle bénéficie en outre d'une assez mauvaise presse, en raison du caractère lourdement propagandiste et de son livret - que les amateurs de Racine nous pardonnent - d'une surprenante platitude, accumulant les rimes convenues, frisant le blasphème

"Ô Ciel ! Ô saintes destinées !
Qui prenez soins de ses jours florissans,
Retranchez de nos ans
Pour ajoûter à ses années."

Et pourtant, Lully a su faire de cette commande laborieuse un charmant concentré de thèmes allégoriques où l'on retrouve les dieux et bergers, combats et douceurs champêtres, parsemés au sein d'une sorte d'opéra miniature où alternent récits, choeurs homophoniques et danses, véritable manifeste du style français. Alors, certes, les Agrémens sont toujours un peu à l'étroit pour l'écriture à cinq parties du Florentin, certes, les solistes sont parfois inégaux (notamment l'alto et une soprano, à l'inverse la basse est d'une stabilité remarquable),  mais l'ensemble s'avère d'une fraîcheur et d'une spontanéité irrésistibles, qui a recueilli l'estime du public, emporté dans ses applaudissement après le grand choeur final à quatre voix "Qu'il règne ce héros, qu'il triomphe toujours".

Viet-Linh Nguyen

Le Printemps du Baroque (28 janvier - 1er mars 2010, Musée du Louvre, Paris)

 

Lien direct vers le site officiel du Printemps du Baroque du Musée du Louvre : www.louvre.fr/llv/auditorium/detail_theme.jsp?nature=audit_nature_4&rechDateId=4&typeListe=1&CONTENT%3C%3Ecnt_id=10134198674149759&CURRENT_LLV_FICHE%3C%3Ecnt_id=10134198674149759&FOLDER%3C%3Efolder_id=9852723696500855

 

 

 

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