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mise à jour 6 janvier 2014
| Chronique Concert "La joie dans la musique baroque" Chœur et Orchestre du Palais royal, dir. Jean-Philippe Sarcos
Jean-Philippe Sarcos - D.R.
Dietrich BUXTEHUDE Cantate « Der Herr ist mit mir » Bux 15
Cantate « Wachet auf, ruft uns die Stimme » BWV 140
Oratorio Kapitänsmusik 1730 « Jauchze, jubilier und singe » TWV 15:5 Mezzo-soprano : Charlotte Mercier
Ténor :
Mathias Vidal
30 janvier 2010, Eglise évangélique allemande, Paris
Y a de la joie ! En rassemblant ce triptyque germanique, Jean-Philippe Sarcos a organisé ce programme autour du thème de "La joie dans la musique baroque" , et à son expression tant dans la musique sacrée que profane, plénitude jubilatoire, apaisement extatique et musicalement contenu d'une âme apaisée. Les 3 cantates, aux structures et aux styles sensiblement différents, sont présentés avec verve par Alexandre Dratwicki qui en rappelle brièvement le contexte et l'écriture, ce qui s'avère particulièrement intéressant pour un public pas forcément au fait des subtilités du cantus firmus bacchien par exemple. Le grand espace immaculé et dépouillé de l'Eglise évangélique allemande fournit une acoustique ronde et relativement peu réverbérée, mettant en valeur les graves, arrondissant les aigus, en dépit de quelques effets de saturation et d'un effectif choral très fourni, notamment pour l'interprétation du Bach (cf. le Mémorandum de Leipzig). L'église permet également d'audacieux effets de spatialisation grâce au recours aux tribunes latérales (choral final de la BWV 140) ou à la tribune de l'orgue ("Choral du Veilleur"). Le "Der Herr ist mit mir" de Buxtehude débute sur les timbres moirés de l'orchestre du Palais royal, avec de beaux bois grainés, en particulier un basson ductile et structurant. Le chœur, ample et généreux, bien aéré rend justice à cette pièce d'une spiritualité convaincante et fière, qui s'achève dans un jubilatoire Alleluia dynamique et carré, sur un rythme envoûtant de chaconne.
concert du 30 janvier - D.R. S'ensuit le fameux "Wachet auf, ruft uns die Stimme" de Bach, doté d'une pulsation sautillante et légère où le chœur introductif volubile et opulent constitue l'un des moments mémorable de la soirée, avec le cantus firmus disposé à l'arrière à des fins de pédagogie musicale et d'effet de distribution spatiale surprenant. L'orchestre se montre énergique, marquant les attaques et les temps, piquant un brin trop chaque note. On regrettera toutefois que les deux duo entre Hasnaa Bennani et Sébastien Lemoine soit pris sur des tempi trop allant, qui en font perdre la suggestivité, d'autant plus que la soprano, vocalement irréprochable, paraît dramatiquement moins investie que l'excellent Sébastien Lemoine, ce qui empêche la fusion des timbres que l'on en attend. La pièce centrale de la cantate, le "Choral du Veilleur" "Zion hört die Wächter singen", interprété par le chœur et non un ténor unique, donne l'occasion d'une vision nuancée et fluide, d'un équilibre apaisé, au balancement berceur. Avec Telemann, l'autel cède la place à la place d'armes puisque la cantate d'hommage "Jauchze, jubilier und singe" fut destinée au 100ème anniversaire du banquet des gardes de Hambourg. Le style s'avère nettement plus italianisant et opératique, réminiscent parfois de Keiser, faisant la part belle aux vocalises. Hasnaa Bennani se montre ici nettement plus dans son répertoire, entamant de son soprano clair à la projection stable les virtuosités du premier air. On distinguera en particulier le "Was machest du, betörte Freude" et ses mélismes méprisants sur "Lachen" d'une Tristesse que Sébastien Lemoine campe puissamment avec une noire gourmandise, un joli "O blinder Wahn" de Charlotte Mercier appliqué et doux, et le chœur "Es ist Trauern besser den Lachen" aux chromatismes douloureux et à l'écriture plus archaïque et sombre avec ses entrées fuguées. Enfin, Mathias Vidal a livré un "Hundert Jahr im Flore stehen" d'un optimisme solaire et virtuose. Durant ces trois pièces, la direction ferme et souriante de Jean-Philippe Sarcos a su sculpter les courbes du chœur, et les volutes orchestrales avec une gracieuse élégance, insistant sur une rythmique baroqueusement marquée. Si quelques tempi aurait pu être plus épanouis, et quelques "ch" plus idiomatiques dans la prononciation allemande, il est aisé d'avouer qu'en sortant de cette antre "la joie et l'allégresse sont de saison" comme le dit le livret télémannien.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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