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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Les Chapelles Royales Des Valois Aux Bourbons Ensemble Jacques Moderne, Emmanuel Mandrin, dir. Joël Suhubiette
© Gérard Proust
Les Chapelles Royales Des Valois Aux Bourbons
Ensemble Jacques Moderne
Messe de Claude Le Jeune et Requiem de Du Caurroy, à la Chapelle des Rois de France sous les voûtes de la cathédrale d’Utrecht Dans l’écrin de cette cathédrale, sous le signe de la musique des Chapelles des Valois aux Bourbons, s’est donné le lendemain le concert dirigé par Joël Suhubiette à la tête de l’Ensemble Jacques Moderne qu’il dirige depuis quinze ans. Le nom de l’Ensemble reprend en forme d’hommage celui d’un important éditeur de musique lyonnais( 1495-1562). Treize choristes magnifiquement formés et un orgue ont interprété des œuvres sacrées de la Renaissance française, occasion rare d’écouter des pièces admirables dont la Missa Ad Placitum de Claude Le Jeune (1528-1600) et le Requiem d’Eustache Du Caurroy ( 1549-1609). La Missa Ad Placitum est une pièce éditée en 1607 dont le titre « comme il plaira » participe du caractère singulier de cette partition. Le compositeur, héritier de la tradition franco-flamande, a évolué aux côtés du poète Antoine de Baïf, dans le cercle de l’Académie de poésie et de musique fondée à Paris en 1570 sous Charles IX. Il s’est préoccupé de calquer sa musique, mesurée à l’antique, sur le mètre de vers dédiés à être chantés, épousant les syllabes et les inflexions du texte. Auteur de musique profane mais engagé dans la nouvelle religion réformée, il s’est voué à une importante production de musique religieuse, motets, psaumes, messes dont seulement une nous est parvenue. Cette œuvre diversifiée, inventive, qui joue de contrastes, produit un effet rythmique où la prosodie moderne côtoie des formes plus archaïques. Sous la direction ductile et précise à la fois de Joël Suhubiette, les musiciens ont su aviver toute la palette des couleurs de cette polyphonie vocale savante, visiblement portés par les moments de la messe et leur enchaînement qui se développe depuis le Kyrie au Sanctus final, impressionnant canon à sept voix. La technique déliée des voix, la qualité des timbres de chaque pupitre, soprano, alto, ténor et basse, tous soutenus par l’orgue d’Emmanuel Mandrin, ont donné un relief tout particulier au déroulement de cette messe qui mêle austérité de l’inspiration et pouvoir des émotions. En second volet du concert, le Requiem de Du Caurroy, Maître de la Chapelle d’Henri IV. Daté de 1590, cette messe des morts fut exécutée par la Chapelle royale lors des obsèques du roi assassiné en 1610, elle accompagna par la suite les funérailles des rois de France jusqu’à la Révolution. Cette messe témoigne à son tour de la science acquise auprès des franco-flamands et porte les marques d’un archaïsme conservateur venu de la tradition. Ecrit pour cinq voix, cet office souligne le travail du compositeur qui a privilégié la déclamation des paroles latines comme pour rappeler à chacun sa finitude et l’espérance de la rédemption accordée par Dieu. Joël Suhubiette mène avec ses chanteurs un travail sur le texte, sur l’articulation des mots, il veille à la clarté de l’émission, au juste phrasé pour restituer au plus près l’esprit et la forme de ce répertoire et cela s’entend ! Avec quelle maîtrise la polyphonie a capella prend ici une dimension d’une profondeur bouleversante! En ce dimanche après-midi, le public ne s’est pas trompé en réservant un accueil enthousiaste à un programme réputé austère qui a trouvé le chemin des cœurs .
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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