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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert
"Grands motets pour la Chapelle de Louis XIV", Musique sacrée de Lully, Lalande, Desmarest et Campra, Le Parnasse français, dir. Louis Castelain
Le Parnasse français © Anne-Thérèse Chabridon
Grands Motets pour la Chapelle de Louis XIV
Jean-Baptiste Lully Plaude lætare (Canticum pro baptismo Delphini)
André Campra Magnificat
Michel-Richard de Lalande Regina cœli
Henri Desmarest Usquequo Domine
Le Parnasse français Dir. Louis Castelain
Dimanche 3 octobre, Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise
"Armez-vous d'un courage et d'une foi nouvelle." Jean Racine, Athalie (IV, 1) Revenons un moment des lointaines Indes rêvées pour aborder le registre du sacré, en nous arrêtant en Ile-de-France, entre Versailles et Saint-Germain-en-Laye, dans deux des plus prestigieuses résidences royales, avec ces Grands Motets pour la Chapelle de Louis XIV que le Parnasse Français a récemment donné également à Utrecht. Le concert, reflet des évolutions du grand motet à double chœur si illustratif de la Chapelle Royale, s’ouvre sur l'entraînant Plaude Laetare motet de Jean-Baptiste Lully sur un texte du malheureux Pierre Perrin, créé à Saint-Germain-en-Laye le 24 mars 1668 pour le baptême du Grand Dauphin. L’Histoire ne dit pas si le bébé fut impressionné par l’explosion musicale qui soudain déferlait sur lui… Au puissant chœur (dès le triomphal "Plaude laetare" introductif aux basses bien assises) répond l’orchestre composé de quatre violons, un haute-contre, une taille, une quinte, deux basses de violon, une grosse basse de violon, deux flûtes allemandes, un théorbe, un orgue et un serpent, contribuant à ce mélange de timbre dense et coloré, si distinctif et caractéristique du "son français" que le Parnasse Français étale avec opulence et fluidité. On distinguera un "O Jesu vita precantium" déclamatoire et poignant, ample et doloriste, contrastant par sa supplique nimbée de cordes avec la fougue précédente. Le Magnificat d’André Campa constitue une très belle œuvre de jeunesse, élégante et bien équilibrée, où le chœur alterne avec des duos, des trios et des parties récitatives, même s'il n'atteint pas les sommets de son Requiem ou la pompe de son Te Deum. On goûte une lecture lumineuse et cohérente qui insiste sur la variété des textures et des ensembles. L'Usquequo Domine d’Henri Desmarest date de la période d'exil lorraine du compositeur, et est précisément daté de 1708 (Desmarest fut banni de France dès 1699). Les dates sont à considérer avec précaution, car ces quatre grands motets dits "lorrains" se retrouvent dans les collections de la Bibliothèque de Musique de Louis XIV, avec les noms des interprètes de la Chapelle Royale et l'on y voit cette disposition spécifique à l’effectif vocal de l'institution versaillaise, à savoir des voix solistes qui correspondent au clavier de récit, un petit chœur au positif et un grand chœur au grand orgue. Sans doute ce grand motet constitua t-il l'œuvre maîtresse du concert, en raison des sublimes chœurs, au contrepoint imitatif d'une folle complexité dénotant une maîtrise de l'art de la fugue chorale à laquelle le Parnasse Français fait honneur. Le trio "Quamdiu ponam consilia" avec ses ports de voix déchirants et ses quartes diminuées laisse flotter sur l'auditoire un parfum d'amertume et de tristesse que le souple Regina Caeli de Delalande ne parvient à effacer. Sous la baguette de Louis Castelain, dont la passion se mesure à l’aune de sa gestuelle dynamique et sophistiquée, l’ensemble du Parnasse Français déploie tout son talent dans l’exécution - d'une rigueur musicologique à louer notamment pour l'instrumentarium - de ces pièces crées pour un auditoire royal. Des chœurs se détachent la sonore basse de Benoît Arnould, dont le répertoire s’étend avec une grande variété du profane au sacré ; les profondes voix de ténor de Romain Champion et de Jeffrey Thompson ; et enfin le clair soprano de Judith Gauthier, manifestement aussi à l’aise dans le répertoire baroque que dans le contemporain. On note l'utilisation d'un véritable petit chœur, et non d'un chœur de solistes, ce qui créé un triptyque solistes / petit chœur / grand chœur du plus grand intérêt. Enfin, l'on ne dira rien des œuvres jouées en bis, et en particulier l’air des Sauvages de Jean-Philippe Rameau, toujours si agréable à entendre en dépit de sa légèreté. Un mot iconoclaste sur l’acoustique pour conclure : certes, le fait de jouer dans une église, au décor de surcroît aussi imposant que cette cathédrale de Saint-Maclou, permet un rendu plus authentique et une réverbération bienvenue pour les masses chorales ; mais cela n’a pas, pour l’auditeur, le confort d’une salle de concert et l'on comprend mieux pourquoi Sa Majesté disposait d'une tapisserie et d'un carreau du haut de sa tribune...
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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