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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Il dolce tempo", Iestyn Davies, Aline Zylberajch, Patrick Langot, Massimo Moscardo,
Iestyn Davies - D.R.
"Il dolce tempo"
Georg Friedrich Haendel (1685 - 1759) Cantata a voce sola HWV 135 b "Nel dolce tempo"
Antonio Vivaldi (1678 - 1741) Sonate pour violoncelle et clavecin RV 40 n° 5 en mi mineur
Nicola Porpora (1686 - 1768) Cantata a voce sola "Oh se fosse il mio core"
Georg Friedrich Haendel (1685 - 1759) Cantata a voce sola HWV 151 "Qualor crudele si mia vaga Dori"
Johann Sebastian Bach (1685 - 1750) Sonate pour violon et clavecin BWV 1015, en la majeur
Nicola Porpora (1686 - 1768) Cantata a voce sola "Dal povero mio cor"
Iestyn Davies, contre-ténor
Clavecin : Aline Zylberajch Violoncelle piccolo : Patrick Langot Théorbe et luth : Massimo Moscardo
1er septembre 2012, 20h30, Prieuré de Froville-la-Romane, dans le cadre du XVème Festival de musique sacrée et baroque de Froville
Le doux temps des contre-ténors Il convient tout d'abord de souligner combien cette saison du Festival de Froville a illustré la volonté des organisateurs de nous faire entendre des contre-ténors généralement peu présents sur les scènes françaises : tout d'abord Maarten Engeltjes (en mai, dans le Stabat Mater de Vivaldi), puis David Hansen (en juillet, dans un récital Haendel) et David DQ Lee (toujours en juillet, mais auquel nous n'avons malheureusement pu assister), et en cette fin de saison Iestyn Davies (que les plus heureux d'entre nous avaient pu entendre il y a quelques semaines au Festival de Versailles, dans les rôles-titres d'Orlando et de Solomon). Au passage, louons le petit exploit que constitue la venue de ces chanteurs de premier plan dans cette petite localité excentrée d'une région de France à l'écart des courants touristiques, mais dont la réputation auprès des amateurs de baroque comme du public lorrain et frontalier (on y croise régulièrement des véhicules venus d'Allemagne ou du Luxembourg...) n'est plus à faire... La cantate "Nel dolce tempo" de Haendel permet d'emblée à Iestyn Davies de faire montre de ses qualités vocales dans les récitatifs et des airs de différents tempi. On est frappé dès le premier récitatif par la qualité de la diction (on pourrait transcrire les paroles à la volée...), qui ne se démentira pas tout au long de ses interprétations. L'expressivité de la voix est suffisamment suggestive, celle des postures reste mesurée. Notons aussi la qualité de l'accompagnement du théorbe bien audible de Massimo Moscardo notamment durant les récitatifs. Dès l'aria "Pastorella", les aigus fusent, affirmés et bien remplis, sur un phrasé ourlé : les ornements sont soignés, la projection mesurée convient parfaitement à cet air lent et bucolique. Dans le "Senti" au rythme plus enlevé, l'aisance ne se dément pas malgré quelques attaques un peu trop tranchantes à notre goût. Avant d'entamer la sonate de Vivaldi, Patrick Langot nous offre quelques mots bienvenus d'explication sur le violoncelle piccolo. Il s'agit d'un hybride en vogue en Italie à la fin du XVIIème et au début du XVIIIème siècle, auquel on avait ajouté une cinquième corde pour monter plus facilement dans l'aigu. Les mouvements s'enchaînent avec bonheur, dialogue intense entre les cordes moelleuses du violoncelle piccolo et les vives attaques du doigté d'Aline Zylberajch au clavecin : le largo initial en forme de marche, un premier allegro aux couleurs sombres, un second largo étiré et langoureux, et un allegro final bien animé.
Massimo Moscardo - DR Retour de Iestyn Davies sous les applaudissements pour la cantate de Porpora "Oh se fosse il mio core" : diction toujours impeccable de précision. L'aria "Se lusinga" dévoile les riches couleurs du timbre, les ornements sont ciselés. Une couleur plus sombre du timbre aurait à notre sens mieux convenu pour le premier passage de l'air de dépit "Sento pietade" , mais la reprise est tout à fait convaincante, avec des attaques plus marquées et des ornements bien appuyés. Après un entracte dans le jardin d'Harmonies où sévissait prématurément une fraîcheur d'automne lorrain, retour au chant avec la cantate "Qualor crudele" : récitatif très soigné, longs ornements s'échappant d'un phrasé parfaitement maîtrisé pour le "Nel pensar", attaques affirmées (sans être tranchantes) d'un timbre parfaitement stable pour les ornements du "Nell'incanto". La transposition pour violoncelle piccolo de la sonate BWV 1015 de Bach nous a quant à elle moyennement convaincu. Le piccolo y déploya bien des attaques charmeuses dans le premier mouvement, mais l'allegro nous sembla plutôt plat et mécanique, avec un caractère répétitif trop marqué. L'andante témoigna toutefois d'un peu plus de tension dramatique, et les presto final fut assez bien enlévé. Mais l'ensemble nous parut globalement manquer un peu d'inspiration... D'un timbre bien posé , Davies enchaîna la cantate de Porpora "Dal povero mio cor" : récitatif toujours irréprochable, ornements fluides relevés à plaisir par le théorbe pour le "Menzognera", et démonstration virtuose pour le "Ha scoglie e rie procelle" aux ornements fulgurants d'aisance. Les nombreux applaudissements et rappels imposèrent un bis : ce fut le "Cara speme" de Sesto dans le Giulio Cesare, moment de grâce absolue où plana la voix aérienne d'un timbre sans aspérités pour nous régaler de ses ornements délicats. Subjugués, les spectateurs redemandèrent un second bis, et c'est sur la reprise du "Nel dolce tempo" du Caro Sassone (aux attaques cette fois parfaitement polies) que s'acheva cette agréable soirée.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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